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Les Royaumes de la Mort – Christophe Ruocchio (Dévoreur de Soleil tome 4)
Hé bien. Je viens de terminer ma lecture du tome 4 du dévoreur de Soleil, de Christophe Ruocchio, fort justement appelé “Les Royaumes de la Mort”. Et il faut que je vous en parle. En plus, il semble que ce sera la première fois que je vous parlerai de Sun Eater, ce qui m’étonne tant j’apprécie toujours ces moments de lecture depuis la publication du premier tome en français, en 2020.
Du space opéra, mais pas que…
A tout seigneur tout honneur, c’est au célèbre Apophis que je dois de m’être lancé dans cette série (grâce notamment à cette chronique). Pour vous hyper sur cette saga, n’hésitez pas à vous y référer, il fait ça très bien. Cette saga est une saga de, disons, space opéra. Mais pas que, du tout.
Disons qu’on y suit le récit à la première personne dressé par le héros, Hadrian Marlowe. Palatin de son état, c’est à dire membre de la noblesse du gigantesque empire galactique qu’a constitué une partie d’une espère humaine qui a conquis les étoiles. Ce qui lui octroie une vie nettement plus longue que le commun des mortels grâce à des gênes pensés sur mesure.
La partie space opéra provient du fait qu’on se promène dans un empire galactique en guerre, ce qui permet de répondre à pas mal de codes du space opéra. Mais, à dire vrai, on va plus loin, car il lui arrive de sacrées aventures à ce bon vieux Hadrian, ce qui donne à ce récit un côté récit d’aventures, récit initiatique, peplum… Choisissez votre poison !
Bref, on est ici dans une saga de space opéra, de roman d’aventures, pleine de rebondissements et d’intensité.
Un tome 4 loin de conclure la saga…
Bon, c’est un tome 4, je ne veux pas spoiler, difficile de vous raconter grand chose. Et puis, à ce stade, il y a deux solutions : vous avez lu les premiers tomes et hésitez à poursuivre ou vous hésitez à vous lancer dans la saga en attendant de voir si elle avance bien.
A ces deux profils de lecteurs potentiels, j’ai envie de dire la même chose : lancez vous !
Et pourtant, je dois avouer que, pendant une bonne grosse partie du livre – qui comme toujours, se lit tout seul dans un style agréable -, je me suis demandé combien il faudrait de tomes pour finir cette saga. Car il faut avouer qu’on semble très très très loin de la conclusion de tout cela (il faudra que je me renseigne pour savoir combien de tomes sont prévus). Et ce tome marque encore un changement dans le style par rapport aux précédents puisqu’il s’agit très largement d’un huis clos, ce qui ne facilite pas vraiment le fait de voir la sortie arriver.
Donc, de gros doutes pendant une partie du livre, sur le mode “c’est sympa j’aime toujours autant, mais je me demande quand même combien de tomes encore, j’ai un Scalzi à lire”.
… mais d’une noirceur abyssale, et d’une intensité exemplaire
Mais, finalement… La deuxième partie est incroyable. Et tout ce tome est fait pour mettre en scène cette fin extraordinaire. Quelle noirceur par contre ! Quelle dépression absolue que ce tome ! Royaume de la mort était un titre bien trop gentil pour ce livre, on devrait plutôt parler de voyage en enfer ! Rien que pour l’intensité de la noirceur permanente, ce livre mériterait d’être lu. Je crois n’avoir jamais vu cela – mais je ne suis pas un spécialiste en noirceur -. C’est déprimant, c’est sans espoir, c’est intense, et l’auteur n’a peur de rien.
Bref. Faisons simple. Si vous n’avez pas encore commencé la saga, allez lire Apophis, et partez sur son enthousiasme en sachant que ça continue à se développer : c’est une très très très bonne saga de space opéra/aventures. Si vous avez déjà commencé, hé bien, indiquez moi le lien de votre critique car évidemment vous allez poursuivre, et vous le savez fort bien ! Pour une fois, je ne dirais pas que j’ai passé un bon moment avec cette lecture. Mais un sacré moment quand même !
Critique précédente : Second Oekumène, tome 4
Critique suivante : un petit Scalzi ?
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Second Oekumène – Tome 4 (Vatican)
Hé bien, long time no see comme on ne dit pas tant que ça ! Plus sérieusement, cela fait un bail que je ne me suis pas lancé dans quelques chroniques… La raison en est multiple mais assez simple : changement de boulot, manque de temps et puis, surtout peut être : je lis en marchant, et c’est beaucoup plus dur quand il fait froid et qu’il pleut ! (oui, j’habite Paris, il pleut souvent…)
Mais, avec les beaux jours pourraient revenir les belles lectures ! A l’occasion je vous raconterai ce que j’ai lu pendant mon hibernation (moins qu’en été, mais de la qualité !) mais en attendant, j’ai envie de revenir sur mon genre de prédilection : le space opéra ! Avec le tome 4 d’une série qui m’avait bien plue jusqu’à présent : Second Oekumène, tome 4 cette fois.
Qui dit tome 4 dit 3 chroniques précédentes : celle du 1, et son enthousiasme avec doutes ; celle du 2, avec nettement moins de doute, et celle du 3, tout à fait enthousiaste.
Un Space-Op TRES sympa
Comme c’est un tome 4, je vais essayer de vous donner une idée de ce dont il s’agit en spoilant le moins possible pour ceux qui hésiteraient à se lancer. Le second oekumène est un space opéra se passant dans un univers dans lequel l’humanité – seule, ne cherchez pas de petits hommes verts – a conquis les étoiles. Comme souvent, elle s’est réunie en empire, avec quelques contestations par ci par là. Le principe du cycle est de voir comment cet univers évolue face à deux stimulus convergents : (i) la mort de l’empereur qui régnait depuis des temps immémoriaux, cette mort étant à même de susciter de très larges évolutions ; (ii) l’affirmation progressive des “alters”, ces humains “améliorés” capables de différentes prouesses fort utiles (télépathie, par exemple) mais jusqu’à présent rejeté comme des sous-hommes.
L’ensemble du cycle suit la destinée de plusieurs personnages, dont 5 principaux qui ont été découverts dans le premier tome.
A titre de comparaison, on est un peu dans ce que Pierre Bordage pourrait faire dans le style de lecture, avec une différence sur la façon dont le sujet est traité (plus de personnages principaux, moins de “quête personnelles” chez “John Crossford”).
Roman initiatique, space opéra, SF militaire : top, mais pas trop ?
Ce tome 4 s’inscrit dans la droite lignée des 3 précédents. Ce qui, si vous avez lu mes critiques, est un bon point ! Le livre reste très prenant, se lit tout seul, et on passe un excellent moment ! Rien à redire sur tout cela, c’est vraiment une source de bien être. Franchement, pour que je le lise aussi vite en ce moment, cela veut tout dire.
Après, j’ai deux observations quand même :
- tout d’abord, il s’agit réellement et définitivement d’un tome de transition, mais placé à un moment étonnant dans le cycle. On est sur l’avant dernier tome, et ce qui se passe ne semble pourtant pas vraiment faire avancer définitivement l’intrigue. On apprend pas mal de choses sur différents personnages. On s’attache, toujours, il se passe des choses, principalement en lien avec le titre du roman (Vatican). Mais, l’intrigue globale n’avance que doucement
- Ensuite, ce livre mélange plusieurs genres : du space opéra, bien sûr, mais aussi un côté SF militaire, un côté roman initiatique je trouve aussi (même si pas complètement assumé). Et il ne fait pas tant de pages que cela ! Et puis, surtout, cela fait beaucoup de portes ouvertes, et peu de temps pour les fermer…
Une conclusion qui va devoir envoyer du pâté !
Dans l’ensemble, j’aime toujours énormément me plonger dans ce monde de l’Oekumène ! J’y passe un super moment, avec des personnages attachants, une intrigue prenante, et surtout un effet immédiat sur mon nombre des pages lues : cela se lit tout seul ! Après, il faut aussi se dire les choses : j’ai un peu peur du tome 5 ! Peur car trop de portes ouvertes, trop d’ambition, et reste t’il assez de pages en “un seul” tome ? A dire vrai, j’ai hâte d’être en novembre pour le savoir, mais je guetterai quand même volontiers l’annonce d’un “prolongement” de la sage, on ne sait jamais…
Bref : lisez le Second Oekumène, ça fait du bien !
Sortie le 21 avril aux éditions Critic
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Second Oekumène, tome 3 : Providence
Et me voici de retour ! Avec une nouvelle lecture que je dois avouer avoir dévorée : le tome 3 du “Second Oekumène”, intitulé “Providence”.
Second Oekumène est une série que j’ai découverte dès sa sortie complètement par hasard ou, plus exactement, poussé par un libraire de fort bon conseil sur le coup. Série qui, si elle m’a emballée dès le premier tome, m’avait aussi mis pas mal de doutes que j’avais eu l’occasion de partager (cf. ici). Doutes qui avaient été très largement levés dans le tome 2, qui avait été un vrai coup de coeur (cf. ici).
Bref, tout ça pour dire que j’avais des attentes en me lançant dans ce tome 3 !
Et alors, qu’est ce que ça a donné ?
Un space op’ à l’ancienne new gen
Second Oekumène est un peu ce que je qualifierais de “space op’ à l’ancienne new gen”. Parce qu’il ne faut pas avoir peur des contradictions dans la vie !
On se retrouve en effet plongés dans un univers somme toute assez classique. L’humanité a conquis un certain nombre de planètes, et un passé relativement peu clair mais qui a conduit à ce que la Terre ne semble pas exister en tant que telle. Elle est dominée par un empire galactique qui semble tomber relativement en décrépitude, ne serait-ce que parce que l’innovation technologique dans l’empire est au point mort. En l’état, on est très proche je trouve de l’état de l’empire dans “Fondation”.
L’histoire du cycle, ou du moins jusqu’à présent, est une histoire de succession. L’empereur est proche de la mort, et l’empire semble se trouver à la croisée des chemins. Elément supplémentaire : certains humains ont des “pouvoirs”, et sont pour le moment exploités pour cela. Ce qui, si l’histoire de la littérature nous apprend quelque chose, nous place dans une situation peu stable.
Dans tout cet univers, on va suivre le destin de 4 personnages qui tentent de survivre et, surtout je pense, de se rendre maitres de leur destin.
Un feel-good book !
Vous l’aurez noté, l’histoire est assez classique. Alors, pourquoi avoir aimé ? Au point d’attendre le tome 3 et, qui plus est, de le dévorer dans un contexte personnel qui n’y est pas favorable ?
Hé bien, parce que ça fait du bien ! Je suis – le challenge SummerStarWars l’a prouvé – un grand amateur de space opéra. Et, à dire vrai, un grand amateur de hard science aussi, et de cycles ambitieux (Baxter est mon ami :)). Ici, point de tout cela pourtant !
Ici, les choses sont plus simples. Pas sans fond, non, et l’univers est bien fichu. Mais on sait à peu près où on va et le vrai plus n’est pas le background scientifique : c’est le talent de conteur de l’auteur, et sa capacité à animer des personnages auxquels on s’attache. Car on s’y attache à ces héros ! Et dans ce tome 3 plus encore que dans les autres, bien sûr. La phase de découverte est passée désormais, reste la phase de spectacle, et nos héros sont bien présents.
En synthèse ? Lisez le cycle !
Pour ces raisons ce livre est vraiment un livre qui me fait me sentir bien. Qui me rappelle un peu ma jeunesse, quand je découvrais la SF aux bras d’Isaac Asimov. C’est sans prétention, mais c’est vraiment sympathique. Pour autant, le terme étant très utilisé pour le moment, on ne parle pas ici d’un feel good à la Becky Chambers – extraordinaire autrice -. Pas de bons sentiments, pas de science fiction positive. Non, juste un bon livre, qui se lit tout seul, qui se dévore tout seul, et qui s’apprécie. Et du coup, je peux conclure en disant encore une fois : vivement la suite !
Et rien sur l’auteur ?
Un dernier mot peut-être sur la révélation du nom de l’auteur, puisque c’est “l’évènement” de ce tome 3. Lors de la sortie du tome 1, j’avais eu l’occasion ici d’expliquer que je n’étais pas grand fan du procédé consistant à cacher le nom de l’auteur. Je ne suis pas très joueur je crois. Par suite, je dois avouer ne pas savoir que faire de cette révélation. Sauf que j’ai voulu voir ce qu’il avait écrit d’autres, et que je n’ai pas trouvé en librairie (mais je n’ai pas vraiment eu le temps de chercher). Je me demande juste si l’éditeur cherche à conclure de cette expérience que les auteurs au nom anglais se vendent mieux – ce qui est un point souvent mentionné dans le milieu, même si ce dernier me rend triste et que je le conteste donc de principe.
Pas grand chose à dire donc si ce n’est que (i) je veux bien un exemplaire dédicacé, maintenant qu’il n’est plus anonyme ! 😉 ; (ii) bravo pour ce super cycle, j’y prends beaucoup de plaisir.
Chronique précédente : Les vacances, c’est bien aussi !
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Les vacances, c’est bien aussi, non ?
Bon, il semblerait que j’ai pris quelques vacances 🙂 A la foi tout à fait volontairement, et partiellement pas du tout. En toute franchise, j’ai commencé un nouveau boulot, et avec cela vient souvent un besoin d’investissement augmenté, surtout qu’il y a pas mal de choses à intégrer. Moins de temps pour lire, moins de temps pour écrire et puis, l’un dans l’autre, j’avais pas mal écrit avant tout cela aussi, donc cela ne fait pas forcément de mal !
Alors, ça nous laisse où tout cela. Hé bien, j’ai lu un peu entre temps quand même, et je vais essayer de chroniquer ces différentes lectures. Dans l’ordre, j’ai pu finir :
- Composite, d’Olivier Paquet
- Malice, de John Gwynne
- Le Voleur, de Claire North
- La Campagne Ecarlate, de Brian McClellan
- Chevauche Brumes, de Thibaud Latil-Nicolas
Sacrément plus Fantasy que ces derniers mois, non ? 😉 Il fallait changer un peu, même si maintenant il va falloir que je refasse machine arrière car ça manque un peu de space opéra tout cela.
Bref, un petit post de reprise de contact, potentiellement de retour de vacances, et pour donner des nouvelles 🙂
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Pyramides (Romain Benassaya)
Pyramides est un space opéra de Romain Benassaya, et aussi mon premier livre de l’auteur. Et franchement, c’est une sacrée réussite !
L’histoire d’un Mystère
Pyramides démarre en 2182. Un vaisseau de colons (pas si grand ceci dit, un peu moins de 2000) quitte la Terre pour s’installer sur une nouvelle planète. Pour cela, si la technologie permet de se déplacer vite, elle requiert malgré tout une mise en hibernation. Une sorte de “petite mort”. Seul petit hic : au réveil, les colons découvrent qu’ils ne sont pas arrivés. Du tout. Leur vaisseau semble posé, dans un endroit sombre. Et, pire, il semblerait que les 200 ans de biostase prévus aient en réalité duré bien plus longtemps…
Un page turner de qualité
Cette idée de biostase, de mystère, de futur, pourrait tout à fait ouvrir la porte à de la hard science. Quelque part, le pitch pourrait ouvrir à un potentiel de livre de type “La Millième Nuit” d’Alaistair Reynolds.
Ce n’est pas le cas ici. Mais franchement, pour moi qui aime ça, ce n’est pas un problème. Car ce livre a bien d’autres qualités, et notamment une : il fait passer un sacré bon moment !
Pour cela, trois ingrédients principaux à mon sens : une bonne histoire, un bon rythme, des personnages attachants.
Une bonne histoire…
L’histoire en elle même, sans s’aventurer côté hard SF, est une histoire qui se suit avec beaucoup d’intérêt, et d’envie d’en savoir plus. Là où l’auteur est fort, c’est qu’il ne se contente pas de traiter d’un mystère spatial, fut il intéressant. Le propos est plus large : que feraient 1500 humains livrés à eux mêmes dans un temps et un univers inconnu et hostile ? La création de la société, ses tensions, ses jeux politiques, animent véritablement le livres, et lui donnent une portée qui va au delà de celle attendue.
… des personnages attachants…
Côté personnages, on est sur quelque chose d’assez restreint On suit quelques personnages bien choisis. Mais c’est une bonne chose. ça contribue à rendre le livre assez simple à suivre, mais surtout ça contribue à l’attachement que l’on peut ressentir pour eux. Les personnages sont bien campés, bien décrits, agréables. Là aussi, une réussite.
… et un rythme enlevé
Enfin, il y a le rythme. 122 chapitres. 7 grandes parties au livre. Peu de personnages principaux, et une histoire qui sait où elle va. Tout cela contribue à rendre le livre vraiment très agréable, avec pour contrepartie claire et bien chère de rendre difficile l’arrêt.
Et au final…
Hé bien, au final, je dois dire que lire ce livre m’a replongé en enfance. Dans ma première lecture de Rama et ses suites pour être précis. C’est simple, c’est enlevé, c’est passionnant, c’est attachant. Certes, ça peut manquer un peu de profondeur scientifique mais, quand ça fait du bien, pourquoi se priver ? Sacrée découverte pour moi que ce livre et cet auteur finalement, qui va clairement appeler à de nouvelles rencontres. Un seul conseil à mon avis : pas sûr du titre (pyramides), même si j’en comprends la raison. Mais ça ne change rien : si vous tombez dessus, lisez-le 🙂
D’autres avis : Xapur, Les lectures du Maki (qui est sur la 4e de couverture, la classe !), le Chien Critique, Au Pays des Caves Trolls
Lecture précédente : Un Psaume pour les Recyclés Sauvages, de Becky Chambers
Lecture suivante : Composite, d’Olivier Paquet
Lu dans le cadre du challenge #SummerStarWars
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Un Psaume pour Les Recyclés Sauvages (Becky Chambers)
Un Psaume pour les Recyclés Sauvages est un livre formidable. Enfin, c’est un livre de Becky Chambers. Et pourtant, cela fait deux jours que je l’ai lu, et je manque d’inspiration pour vous en parler.
Un gros doudou
Je ne sais pas pour vous, mais je vois Becky Chambers comme une sorte de gros doudou. Elle écrit des livres de science fiction – plutôt space opéra jusqu’à présent, ici plutôt de l’anticipation à mon sens. Il s’y passe des choses, souvent tout à fait intéressantes, mais le sentiment qui prédomine en lisant son oeuvre c’est souvent, avant tout, une forme de bien être. Une sorte d’atmosphère un peu tranquille, et bienveillante. Un peu comme un gros doudou.
Une forme d’utopie
Donc, on se retrouve ici avec une nouvelle histoire du soir, qui commence par une disparition. Oh, pas une bien méchante : les robots, une fois la conscience acquise, quittent les usines, et laissent l’humanité livrée à elle même. Comme on est dans du Becky Chambers cependant, les choses se déroulent (ou du moins finissent par se dérouler) a priori plutôt bien. On retrouve donc, un certain temps plus tard, une société en apparence apaisée, dans laquelle l’homme vit en synergie avec sa nature. Et où on va suivre Dex, qui se pose des questions sur le sens de sa vie. Et entame ce qu’il convient bien d’appeler un voyage initiatique.
Ce qui compte, c’est le chemin
Comme toujours avec Becky Chambers, le style est fluide, mais onirique quelque part. Ici, Dex est un personnage attachant par son humanité. Tout comme Omphale, robot qu’il va rencontrer sur la route, et qui se trouve également être très attachant. Ce voyage qu’ils vont nous proposer, ce morceau de vie, est avant tout un moment de réflexion, presque de contemplation. Une recherche du sens de la vie, sans céder à la tentation de répondre 42.
En synthèse…
Au final, je vais surprendre. Un Psaume pour les Recyclés Sauvages est un livre de Becky Chambers. Donc, c’est beau comme du Becky Chambers. A titre personnel, cette fois, j’ai beaucoup aimé, mais j’avais été plus conquis par ses précédents romans, notamment de space opéra, sans doute parce que j’aime particulièrement l’espace. Le format est ici court (mais plutôt cher quand même, quand on compare à un UHL), ce qui n’est pas l’idéal je pense. Mais dans tous les cas, ça reste un gros doudou. Et qui est quand même dédié “à ceux qui ont besoin de souffler”. Ce qui dit tout 🙂
Autres avis sur le blog : Ombrebones, Le Nocher des Livres,
Lecture précédente : La Lumière lointaine des étoiles, de Laura Lem
Lecture suivante : Pyramides, de Romain Benassaya
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La Lumière lointaine des étoiles (Laura Lam)
Une sacrée bonne surprise que cette “Lumière Lointaine des Etoiles”, de Laura Lem !
Je dois avouer qu’en demandant ce SP aux éditions ActuSF, j’étais avant tout intrigué. Intrigué car je ne connaissais pas l’autrice, car j’avais lu ce livre décrit comme un space opéra féministe (sous-genre que je ne connais pas). Et puis car l’histoire avait l’air sympa !
Je m’y suis donc lancé sans a priori, avec un enthousiasme de bon aloi, comme chaque fois que j’entame un bon livre, mais sans attentes.
Voyage spatial dans un futur proche
“La lumière lointaine des étoiles” prend place dans un futur proche. Un futur dans laquelle la Terre est de plus en plus condamnée, sans pour autant que des actions concrètes ne soient entreprises. Un monde dans lequel, peu à peu, la place des femmes s’est réduite sous l’autorité de gouvernements de plus en plus conservateurs. Un monde dans lequel, pourtant, on a découvert un moyen de voyager dans des systèmes solaires proches.
L’histoire commence alors que 5 femmes s’emparent d’une navette spatiale pour partir vers la planète “Cavendish”, exoplanète qu’il leur faudra une année pour rejoindre. Ces 5 femmes prennent alors une revanche sur la société – les femmes ne sont plus autorisées à voler -, mais espèrent surtout inspirer un changement, un renouveau, pour la société.
Un livre passionnant…
Ce livre est véritablement passionnant, par beaucoup d’aspect. On se retrouve en effet plongé dans un monde qui n’est franchement pas bien éloigné du notre. Suffisamment pour offrir à l’autrice une liberté totale sur les évènements, mais suffisamment proche en même temps pour qu’on sente une familiarité, et une remise en question. Même si ce n’est pas représentatif, je ne résiste ainsi pas à l’envie de vous mettre ce petit extrait, qui montre bien le lien avec ce futur proche :
Tout le monde s’était habitué à donner des ordres aux robots dotés d’agréables voix féminines. Alexa, Siri, Sophia, Sage, tu peux faire ça. Un guilleret “okay” pour toute réponse, et elle accomplissait vos ordres. Tout le monde l’avait fait pendant des années jusqu’à ce que les femmes remarquent que les hommes de leur vie avaient été conditionnés à en faire autant avec elles. Mais il était alors trop tard.
{…} Elle aussi avait été conditionnée.
Bon, cet extrait est bien choisi car on y voit le lien avec le présent. Mais mal choisi car il donne l’impression que l’autrice mène un combat féministe de tout instant. Ce n’est pas le cas. La société décrite est une société futuriste dans laquelle les hommes ont évincé les femmes. Mais ce n’est pas véritablement le propos principal, la toile de fond de désastre écologique prenant le pas. C’est juste… une société possible, comme le confirment du reste certaines prédictions du livre (révocation de Roe vs Wade) qui se sont avérées exactes depuis l’écriture.
Livre passionnant donc par son lien avec le présent, mais également par sa réflexion sur le futur. Les 5 passagères partent en imaginant aider à construire un monde meilleur, et ont tout le loisir de développer leur utopie. Le fond du livre, le but du livre, est d’ailleurs celui-là je pense : pousser à réfléchir à notre société, et à ce que pourrait être un autre monde (sans chanter).
… mais avant tout attachant
L’histoire, la toile de fond, l’intrigue sont donc autant d’éléments qui rendent ce livre intéressant. Mais le résumer à cela serait, je crois, rater l’essentiel de ce qui fait son charme : les personnages. En particulier le personnage principal, Naomi, fille adoptive de l’instigatrice du vol de navette, mais pas uniquement. Le livre multiplie les allers-retours entre présent et passé, nous amenant à bien connaître Naomi, sa mère, et son environnement. Et à véritablement s’attacher à elle. Il n’est pas si facile de camper des personnages humains dans un univers futuriste intéressant. C’est pourtant absolument ce que réussit à faire l’autrice ici. Les personnages sont beaux, intéressants, réfléchis, et c’est par leurs yeux que le roman se vit véritablement, et que la réflexion que propose l’autrice prend tout son sens.
Et finalement…
J’ai vraiment été très séduit par cette “Lumière Lointaine des Etoiles”. Et je crois savoir pourquoi : il est profondément humain. En imaginant ce futur proche possible, et en confiant sa mise en scène à des personnages attachants et complexes, l’autrice offre une vraie occasion de remise en question de notre société et de nos valeurs. Le tout avec un faux air de ne pas y toucher, dans un style rythmé, agréable, et facile à lire. Ici, on n’est pas dans le Sense of Wonder, et ses ébouriffantes théories ou situations (Alaistair Reynolds, pour le plus récent). On est dans le space opéra humain, et dans un thriller écologique, dans l’espace, qui vous tiendra en haleine jusqu’à sa dernière ligne. Plus proche d’un Becky Chambers presque (presque !) par ce côté humain. Ce qui tombe bien, c’est une de mes deux prochaines lectures 🙂
Autres avis :
Lecture précédente : Unity, d’Elly Bangs
Lecture suivante :
Une interview de l’autrice sur le site ActuSF que j’ai trouvé très intéressante (peut être plutôt à lire après coup)
Lu dans le cadre du challenge #SummerStarWars
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Unity (Elly Bangs)
Comment ne pas lire Unity après les critiques extraordinaires d’Apophis sur le sujet, depuis au moins une année ? Ce n’est pas possible. Et comme Albin Michel Imaginaires a eu la grande gentillesse de m’envoyer un SP, j’ai même pu m’y lancer avant sa sortie. Et, spoiler : j’ai bien aimé ! Même si…
Apocalypse Now, again, and again
Unity se situe dans un avenir pas si lointain que cela, même si je n’ai pas souvenir d’avoir vu une date précise. L’univers dans son ensemble est intéressant, et constitue un contexte important : suite à plusieurs apocalypses, les empires et pays connus ont globalement disparus, et les habitants se sont assez largement réfugiés sous l’Océan. Malgré tous ces évènements, c’est toujours la guerre, plus ou moins froide, qui domine, et on se retrouve, au début de l’histoire, sur un nouveau (énième) point de rupture. Deux blocs s’affrontent, et se menacent. Seule différence : il ne s’agit plus vraiment de s’envoyer des bombes à la figure, mais des nano machines qui annihilent toute matière en se propageant (et qui sont joliment appelées “gris”). Quelque chose que j’aurais envie d’appeler “la bouillie finale” 🙂
On serait pas plusieurs dans ma tête ?
Dans cet univers on retrouve Danaë. Danaë est… à part. Comme dirait la 4e de couverture (particulièrement bien faite je trouve d’ailleurs) : “Elle a trouvé le moyen de compiler en elle d’autres existences que la sienne, douze mille ans d’expériences humaines diverses”. Et dans ce monde au bord d’une nouvelle apocalypse, cette caractéristique – unique – lui donne, forcément, une destinée hors du commun. C’est Danaë qui fait l’histoire ici. C’est elle que nous suivons. Et le livre vise essentiellement à répondre à deux question (i) que lui est-il arrivé ? ; (ii) qu’est ce que cette caractéristique peut bien vouloir dire pour l’espèce humaine ?
Un style à part…
Fondamentalement, et très largement, ce livre est un thriller avec un contexte post apocalyptique. Et ça sent l’action a priori : une héroïne “à part”, quasiment une “superhéroïne”, doit fuir un empire en guerre, dans un contexte où l’humanité semble très proche de sa fin.
Et pourtant, ce n’est pas vraiment un livre d’action. Pour de bonnes, et pour de mauvaises raisons.
La mauvaise à mon sens, c’est qu’on a un rythme qui est assez bizarre pendant une moitié du livre. Ou plutôt une narration. C’est assez classique qu’un livre nous perde au début – après tout, il faut exposer l’univers -. Mais ici, c’est un peu trop au sens où ça gêne l’attachement aux personnages. Qui est pourtant, clairement, un des objectifs d’un roman somme toute très humain. Apophis (je paraphrase) disait qu’il fallait s’accrocher absolument pendant la première moitié, car la deuxième particulièrement valait la peine. Je ne veux pas faire trop peur : ce n’est pas si difficile à lire. C’est plus que la deuxième partie est quand même nettement au dessus, en termes de rythme, de narration, et de réflexion aussi.
… mais un roman d’action humain
Mais revenons sur la bonne : c’est avant tout un roman humain. Malgré ce contexte de thriller, malgré la présence d’action, l’essentiel du propos est humaniste. Ce livre offre ainsi une réflexion intéressante, presque douce, sur l’Humanité dans son ensemble. Presque son côté “pardonnable”. Les héros font ce qu’ils peuvent, mais ils subissent très largement des choses plus grandes qu’eux. Et grâce au développement des personnages, grâce à la présence de Danaë et ses nombreuses vies, le roman offre un recul sur une société au bord du chaos.
Dans l’ensemble ?
Que retenir de cette lecture au final ? Qu’on se trouve ici en présence d’un livre agréable, intéressant, profond à sa manière, et aux héros attachants. D’un thriller d’action qui n’en est pas un. Que pour la première fois je crois, j’ai eu envie de recommencer le livre une fois celui-ci terminé, tant la deuxième partie est d’une qualité supérieure et offre des clés que j’aurais aimé avoir en première partie. Que la lecture de ce livre est très recommandable. Qu’Apophis va peut être un peu loin à mon sens en visant un prix de livre de l’année (je placerais les chants de Nüring un chouia au dessus, pour un exemple récent).
Et qu’en fait ce roman a, pour moi, la saveur de la bonne science fiction a l’ancienne. Un livre pas trop épais, conçu autour d’une idée simple mais forte, avec des personnages au coeur de l’histoire. Qui nous fait passer un bon moment. Et qui fait réfléchir, aussi.
Lecture précédente : L’Espace de la Révélation, d’Alistair Reynolds
Lecture suivante : La lumière lointaine des étoiles, de Laura Lam
D’autres avis : Apophis (sa critique doit être lue!)
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L’Espace de la Révélation (Alaistair Reynolds)
L’Espace de la Révélation est un livre qui m’est apparu à la fois décevant, et farouchement enthousiasmant. Ce qui est assez déconcertant.
L’histoire en elle-même est difficile à raconter, comme le démontre d’ailleurs la quatrième de couverture de l’édition dont je dispose qui me semble un peu ratée (trop de spoil a minima). Pour vous en dire quelques mots cependant, je dirais que :
- L’histoire se passe autour des années 2500. L’humanité a essaimé, s’est transformée, mais est toujours seule dans son environnement galactique. Des traces d’anciennes civilisations ont cependant été retrouvées.
- Parmi celles-ci, les Amarentins, une civilisation qui semble avoir été soudainement annihilée environ un million d’années plus tôt.
- L’histoire suit la destinée de 3 personnages principalement :
- Sylveste, un archéologue qui cherche justement à déchiffrer l’écriture de ces Amarentins
- Khouri, une ancienne soldate qui a malencontreusement perdu son mari suite à la dernière guerre (elle a par erreur été transporté à des années lumières de lui, sachant que la vitesse de la lumière est toujours une limite absolue), et qui s’est donc reconvertie en tueuse à gage sur une planète obscure
- Allia Voliyova, représentante des “autres” humains, ou transhumais comme vous voulez, sorte d’humains augmentés qui ont pris pas mal de liberté parfois avec leur anatomie originale. Embarquée dans un vaisseau haute technologie, elle est lancée dans une quête désespérée pour sauver son capitaine.
Ces trois personnages vont progressivement se rejoindre (c’est du spoil mais bon, c’est un peu inévitable, non?). Et tenter de résoudre une enquête à l’échelle cosmique.
Un univers ébouriffant
Bon, comme d’habitude, pas bien sûr que mon résumé corresponde à un optimum. Mais à dire vrai, ce n’est pas si facile à résumer. Car l’intérêt principal du livre, son vrai plus, c’est l’univers. Le contexte. On parle paradoxe de Fermi (pourquoi sommes nous si seuls dans l’univers?), trans humanisme. On envisage des échelles improbables, on se place dans une perspective passionnante. Bref, ce livre, c’est de la hard SF, mais avec les avantages de cette tendance : le Sense of Wonder, et l’ambition intellectuelle. Et de ce point de vue, c’est tout à fait réussi. Ce tome est le premier d’une trilogie il me semble, et il place clairement des bases très prometteuses pour la suite de l’univers.
Qui pêche un peu dans sa narration…
Ceci étant dit, et malheureusement, on retrouve également les inconvénients souvent associés à la Hard SF pour moi. J’en vois deux principalement.
Le premier, c’est le rythme, surtout dans la première moitié du livre. D’un paragraphe à l’autre, on change de personnage. Ce qui est assez habituel, mais pas à cette fréquence ! On change souvent de personnages à toutes les pages ce qui, dans une phase d’exposition du roman, quand on n’est pas encore attachés au personnage, et accroché à leur histoire, déstabilisant. De mon côté, cela m’a clairement gêné pour rentrer dedans. A mon sens, cela s’arrange avec le temps mais, factuellement, je ne suis pas sûr que le rythme ait changé. Je crois que j’ai juste mieux intégré les personnages. A voir selon votre style de lecture donc, mais le rythme de narration est clairement à part.
… et dans son côté humain
L’autre élément qui m’a gêné, mais moins, c’est peut être les personnages. Ce roman, d’une certaine façon, est un huis clos. Il y a assez peu de personnages, ils en rencontrent assez peu, et toute l’intrigue repose sur leur compréhension des évènements, et leur réaction. Autant dire que, même si l’important n’est pas là (c’est le contexte ;)), ils sont quand même essentiels dans l’histoire.
Et pour le coup… Ils sont intéressants. Ils ne sont pas mal posés. Mais… Je trouve qu’il manque un petit quelque chose malgré tout. Manque de profondeur dans les histoires, dans les sentiments, je ne sais pas. J’ai trouvé qu’il manquait un petit quelque chose pour vraiment s’accrocher à eux. Sans compter qu’ils ont quand même un côté sacrément naïf parfois, ce qui oblige à des Deus Ex Machina pas forcément bien adaptés. Un petit point faible donc.
En conclusion…
Au final, l’espace de la révélation est une promesse. Une promesse d’un univers à la complexité, et à l’ambition, débordante. Mais aussi, puisque c’est son premier roman, et le premier d’une trilogie, une promesse de, avec le temps, mieux développer les personnages, et rendre la narration plus agréable à mon goût. Promesse qui a d’ailleurs été plus que tenue dans House of Suns, roman que j’ai trouvé incroyable dans lequel l’ambition est encore plus grande, mais dans lequel les autres défauts m’ont semblé complètement gommés. A lire donc pour ceux qui aiment l’ambition en science-fiction – j’en fais partie !-, mais qui n’attendent pas forcément une forme de narration ou des personnages parfaits. Belle lecture quand même ! Juste dommage finalement qu’elle ne fasse pas quelques pages en moins (on n’est pas loin de 900)
D’autres avis : l’Epaule d’Orion,
Lecture précédente : Des Milliards de Tapis de Cheveux, Andreas Eschbach
Lecture suivante : Unity, d’elle Bangs
Du même auteur : La Millième Nuit,
Lu dans le cadre du challenge #SummerStarWars
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Des milliards de tapis de cheveux (Andreas Eschbach)
Des milliards de tapis de cheveux est un livre d’un auteur de science fiction allemand (c’est rare, non ?), paru en 1995. Et que j’avais d’ailleurs eu l’occasion de lire à l’époque (enfin, au moment de sa traduction française), et de beaucoup l’apprécier !
Cet été (oui, c’est toujours l’été !), j’ai cependant pris le parti de me refaire quelques anciennes lectures (en plus du reste). Et je suis tombé sur ce livre cette semaine : pas bien épais, très bon souvenir. Pourquoi pas ? Je l’ai donc lu aujourd’hui.
Un pitch assez inédit autour d’une sombre histoire de cheveux
A l’époque de ma première lecture, je me souviens avoir mis très longtemps à le sortir de ma PAL. En cause ? Le titre. Faut avouer que ça ne donne pas particulièrement envie.
Et pourtant, le livre parle bien exactement de cela : de tapis de cheveux. Mais reprenons au début.
Il y a bien longtemps, dans une galaxie très très lointaine, vivait sur une planète a priori quelconque un peuple particulier. L’ensemble de sa société était en effet concentré autour d’une action : réaliser des tapis de cheveux pour qu’ils soient exposés dans le palais de l’Empereur immortel. Ces tapis, de la taille d’un homme, sont tissés par le chef de famille de façon très fine, très précise, en utilisant les cheveux des concubines (oui, des) et filles du tisseur. Toute sa vie est consacrée à cette grande oeuvre, qui se vendra ensuite si chère que cela permettra de financer son fils pendant toute sa vie pour qu’il fasse de même.
Un vrai space opéra, avec beaucoup de personnages
Observer cette planète, à l’économie tellement tournée autour de cette grande oeuvre, est déjà intéressant. Mais, bien sûr, l’auteur va aller au delà, et nous emmener derrière cette tâche monumentale, dans un univers relativement dense. Pour ce faire cependant, il emploie une particularité scénaristique assez rare : la grande multiplication de personnages. Le livre contient en effet 17 chapitres, et il doit y avoir autant de “familles” de personnages. Même s’il y a un fil rouge, il n’y a ainsi pas véritablement de personnage principal. On suit plutôt l’évolution de l’histoire à travers plusieurs prismes, et un certain nombre de personnages “secondaires” donc.
Le risque évidemment avec ce choix, c’est qu’on ne s’attache pas véritablement. En pratique, j’ai trouvé qu’en effet, il y avait un peu de cela. Mais c’est malgré tout assez bien fait. L’ensemble est assez harmonieux, reste très agréable à lire, et ce choix risqué me semble donc globalement payant. Ne serait-ce que parce qu’il est original !
Au final, on voit beaucoup de choses, on découvre un vrai univers, pas mal de petites histoires vraiment intéressantes. Ce choix de ne s’attarder sur rien est à double tranchant, le choix de nous montrer autant sur un livre avec si peu de pages aussi. Mais c’est bien fait.
Un bémol quand même sur les personnages féminins
Dans l’ensemble, le livre m’a plu, mais moins que dans mon souvenir. Il faut dire que les dés sont pipés : j’ai beaucoup lu depuis ma dernière lecture, et n’en suis plus vraiment au même point en termes de goût et de recul.
En particulier, il y a un point auquel je suis progressivement devenu plus sensible, c’est la place des personnages féminins. Etant toujours un grand fan d’Asimov (entre beaucoup d’autres choses), j’ai l’habitude que les personnages féminins ne soient pas toujours au centre de l’histoire. Cependant, je suis quand même assez sensible aux “mauvais traitements”. Je peux comprendre que, surtout il y a longtemps, on ait une vision sociale pleine d’oeillères (i.e. qu’on oublie une partie de la population). J’ai plus de mal quand je trouve que la place est délibérément négative.
Et ici, je dois bien avouer que c’est un peu ce que j’ai ressenti. Il y a quand même beaucoup de personnages dans cette histoire, c’est un des choix de l’auteur comme je l’ai discuté. Et le monde qui occupe le centre de l’intrigue est relativement moyenâgeux. Mais… quand même. Les hommes sont très largement majoritaires, et les rares femmes me semblent fort peu importantes, et fort peu sortir des stéréotypes. Bon, je suis sensible je pense, et j’exagère sans doute. Surtout que j’ai l’impression d’être le seul à l’avoir noté. Mais j’y ai pensé en le lisant alors que, l’ayant déjà lu et apprécié, je ne m’y attendais pas du tout.
Et en conclusion ?
Des milliards de tapis de cheveux est un space opéra agréable. Original dans son histoire, mais aussi dans sa narration, il se lit bien, vite, et offre un beau moment dans un univers dont le potentiel dépasse sans doute le cadre du bouquin (ce qui est une bonne chose). Pour autant, j’ai été moins marqué que lors de ma dernière lecture, ce qui me conduit à me demander si je n’attends pas plus, désormais, de Sense of Wonder, et d’émotions liées aux personnages. Sans compter cette petite gêne sur le traitement des femmes, que je trouve assez inadéquat. Un bon moment malgré tout au final !
D’autres avis : Le Chien critique, Au Pays des Caves Trolls, Les lectures de Xapur, Nevertwhere, La Geekosophe, Lohrkan
Chronique précédente : For All Mankind
Lecture suivante : l’Espace de la Révélation, d’Alaistair Reynolds
Publié dans le cadre du challenge #SummerStarWars