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  • Second Oekumène, tome 5, Taraël (John Crossford)

    Second Oekumène, tome 5, Taraël (John Crossford)
    couverture de second oekumène tome 5

    Voici venue la fin de cette pentalogie qu’est le Second Oekumène avec le 5e tome, Taraël ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’une véritable fin !

    Une fin en forme de fan service

    Le résumé n’est pas ma spécialité, mais résumer, ou même teaser, un tome 5, qui plus est le dernier, me semble relever d’une forme d’aberration. Je veux dire, si vous connaissez les personnages, vous savez que vous devez le lire. Et sinon, hé bien, revoyez les critiques des tomes 1, 3 et 4 (je ne sais pas pourquoi je n’ai jamais chronique le 2 ?)

    Bon, ceci dit, cette lecture m’a mis de bonne humeur, et je peux quand même vous en dire quelques mots 🙂

    Toute cette pentalogie a démarré, comme tout bon cycle qui se respecte, petit. Des personnages perdus au milieu d’un monde trop grand pour eux. D’un empire galactique géré de main de maitre par un empereur quasiment immortel, et de machinations sans fin, à l’intérieur de l’empire comme en dehors. Face à cette adversité, un noyau dur de personnages principaux s’est formé, prenant progressivement de l’importance, et de la vitesse.

    Une boule de neige lancée à pleine vitesse

    Ici, on est dans la conclusion. En plein effet boule de neige. Le petit groupe a pris de la vitesse, et il s’agit maintenant de tout emporter sur son passage. Tous les éléments du décor plantés depuis 4 tomes par l’auteur se révèlent, et on avance tout droit vers une résolution d’une intrigue désormais de longue date.

    Alors, il serait possible de considérer que tout cela avance trop « tout seul », et qu’on est dans une forme d’autopilote. Ce ne serait pas complètement faux à dire vrai. En même temps, ce tome parachève 4 tomes de construction. Donc, il me semble qu’on a bien le droit de se faire plaisir en lâchant la bride à ces personnages qu’on a vu se construire sur toutes ces pages.

    Au final, ce dernier tome du Second Oekumène remplit, pour le coup, parfaitement les promesses de son titre, et l’on s’aperçoit que tout était dit depuis le début. Tout ce cycle est partie de quelques étincelles dans un grand empire, et progressivement ces boules de neige sont devenues avalanche. Ce dernier tome est l’avalanche. Alors, si vous avez aimé les précédents : accrochez vous, c’est le moment de profiter !

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  • Tonnerre Après les Ruines (Floriane Soulas)

    Tonnerre Après les Ruines (Floriane Soulas)
    Couverture de Tonnerre Après les Ruines

    Tonnerre après les ruines est mon deuxième livre de Floriane Soulas, après l’excellent Les Oubliés de l’Amas. Un livre très différent, avec pas mal de qualités, mais aussi une vraie caractéristique.

    Du post apo bien apo

    Le titre Tonnerre après les ruines fait référence à une ville, Tonnerre. Après les ruines car… après l’apocalypse. Car apocalypse il y a bien eu. Toute trace de la société moderne a plus ou moins disparu, et on se retrouve sur une planète Terre hostile à toute vie humaine. Dans laquelle, pour autant, comme des cafards, les humains s’accrochent à la vie tant bien que mal. Humains… de toute sorte car, comme vous pouvez l’imaginer, après l’apocalypse peuvent venir les mutations. Ce qui n’a pas manqué de se produire ici.

    Dans ce monde réjouissant, nous allons suivre Lottie, une humaine échappée de Tonnerre, et Férale, une mutante. Ce duo improbable écume les Terres Sauvages, agissant en tant que chasseurs de primes/protecteurs. Car les deux sont devenues expertes en survie, et capables de rendre de menus services à une société humaine éparse et sans cesse en danger. Cette vie est cependant remise en cause quand elles décident de revenir à Tonnerre, sorte de phare bien sombre du coin.

    Un road bookie déprimant

    A ce stade de la conversation, vous auriez raison de penser qu’il s’agit d’un road bookie pour le dire comme ça. Un livre d’aventures en termes bannies, qui n’est pas sans rappeler quelques références du genre (La Route, par exemple). Avec quelques caractéristiques, évidemment, dont la présence très majoritaire de personnages féminins (ça parait fou et ça ne devrait pas être notable – ça ne l’est pas à la lecture – mais c’est rare !).

    Et après… tout dépend de vos attentes. Le livre est bien écrit, rythmé, avec des personnages intéressants. Attachants, pas tant que ça en réalité, mais c’est voulu. Complexes serait sans doute plus juste. Mais… qu’il est sombre ! Ce monde post apocalyptique me semble plutôt est un monde apocalyptique à dire vrai. On s’attend souvent à trouver un contexte sombre dans ce genre de livres, mais une touche de soleil depuis les personnages. Ici… Même pas ! Le style qui rend le livre agréable et facile à lire ne doit pas tromper : ici, il fait noir, rien ne va, et c’est la déprime complète !

    Dans l’ensemble…

    Dans l’ensemble, c’est un bon livre, pas de doute. Style sympathique, personnages intéressants, contexte bien décrit. Simplement… On ne peut pas dire qu’il soit détendant 🙂 Ce n’est pas un problème en soi, bien sûr, mais c’est notable. De mon côté, je ne l’ai sans doute pas lu à un bon moment – j’aurais bien eu besoin d’un livre détendant -, ce qui a forcément modifié mon expérience de lecture. Si la noirceur d’un monde apocalyptique (le post est clairement de trop) ne vous fait pas peur ceci dit, et que vous aimeriez suivre nos deux héroïnes à la reconquête d’elles mêmes, n’hésitez pas à vous y plonger ! Vous passerez à coup sûr un moment intéressant 🙂

    Autres chroniques : eMaginarock, Love in Books

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  • Le Ministère du Futur (Kim Stanley Robinson)

    Le Ministère du Futur (Kim Stanley Robinson)
    Extrait de la couverture du Ministère du Futur

    Le Ministère du Futur n’est pas le livre que j’avais prévu de chroniquer 🙂 Mais il s’est passé quelques temps depuis ma dernière chronique, et c’est le dernier que j’ai lu, alors autant commencer par celui-là ! Surtout qu’il est sacrément intéressant, malgré quelques caractéristiques qui ne plairont pas à tout le monde je pense.

    Réfléchir à l’avenir…

    Kim Stanley Robinson est un spécialiste de la littérature « climatique ». Désireux, il semblerait, de sensibiliser aux déboires de notre planète bleue, il use de son talent, prose mais aussi – et peut être surtout ? – imagination et capacité d’anticipation à cet effet.

    Nous voici donc face à un roman qui démarre aujourd’hui, ou même désormais hier, puisqu’en 2020. Sur une Terre très proche, mais avec quelques petites différentes (des accords climatiques validés un chouia plus ambitieux, puisqu’ayant notamment permis la création d’un « Ministère du Futur » représentant les futures générations). Le roman débute donc aujourd’hui, par une catastrophe climatique hors norme (une vague meurtrière de canicule en Inde) qui plante le décor : l’avenir sera écolo, ou ne sera pas.

    L’objectif du roman va donc être simple. Répondre à la question qu’on se pose sans doute tous : quel avenir pour notre planète ? Pour notre société ? Quel chemin possible face à la catastrophe climatique qui nous guette ?

    Un roman passionnant, mais au style étonnant

    Et dans l’ensemble, si vous voulez connaitre un avenir possible, vous en aurez pour votre argent. KSR est un auteur remarquable d’imagination, et de crédibilité. J’ai passé beaucoup de temps déprimé à lire ce livre, dans un monde tellement réaliste, et où le sentiment de gâchis est si intense. Le livre est parsemé – avec une densité phénoménale ! – d’idées crédibles, d’initiatives – de grande comme de petite ampleur – qui offrent une réponse au problème. Dans un contexte géopolitique bien décrit, crédible même si à mon sens un peu trop optimiste, KSR trace un chemin, si documenté , si touffu qu’on aurait envie d’y croire.

    Dit comme ça, l’impression est sans doute que ce roman est parfait : il ne l’est pourtant pas à mon sens. Tout simplement car la partie romanesque, justement, est un peu légère. Le roman contient, pour 500 pages, un peu plus de 100 chapitres. Le roman consiste en une succession de scènes, sur une période qui se chiffre en dizaines d’années. Deux personnages principaux existent (la Directrice du Ministère du Futur, et un être humain ayant été particulièrement marqué par les problèmes climatiques). Ils sont suivis, mais dans un fil rouge, entrecoupé de témoignages d’anonymes, de dialogues « hors propos », d’extraits d’émissions.

    L’ensemble fournit donc un livre d’une grande densité, d’une grande richesse intellectuelle, mais dont l’aridité du style peut peser à la fin.

    Un livre à lire, parce qu’il le faut !

    Dans l’ensemble, ce livre doit intégrer pour moi au plus vite le programme scolaire. Il n’est pas parfait. Ce style de roman choral, multi chapitres, conduit à un peu de distance avec les personnages principaux, même si ces derniers restent touchants et sympathiques. Mais, surtout, quel chemin tracé pour la survie de la planète ! Quel fourmillement d’idées ! De scénarios, de possibles… Au final, je ressors surtout de cette lecture avec l’impression d’une compréhension plus fine des enjeux climatiques. L’idée que le chemin est semé de sacrées embuches. Mais peut être, aussi, l’idée qu’un chemin est possible. C’est bien plus que je n’en demandais. Et ce livre devrait donc se trouver, à mon sens, dans les mains de tout le monde, malgré ses défauts.

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    Autres avis : Apophis

  • L’Initiation (Octavia Butler)

    L’Initiation (Octavia Butler)
    Extrait de l'initiation, d'Octavia Butler

    L’initiation d’Octavia Butler est le tome 2 d’un cycle au nom imprononçable (Xenogenesis), mais pourtant finalement très fréquentable !

    Qu’ajouter au tome 1 ?

    Il n’est jamais facile de chroniquer un tome 2 je trouve, car il est particulièrement difficile de ne pas spoiler le tome 1 dans l’affaire… Donc, je vais faire au mieux, mais un lecteur averti en vaut un (mais averti) : il existe un risque !

    Donc, Xenogenesis part d’un principe assez post apo : les Terriens se sont autodétruits. Quelques rares survivants ont été sauvés par l’arrivée d’extraterrestres qui les ont emmené, endormis, sur un vaisseau resté en orbite sur terme. Le premier tome raconte le début d’un réveil, celui de Lilith. Etonnant, déroutant pour moi, ce livre offrait une vraie réflexion sur l’altérité. Mais, à dire vrai, posait également une question : comment on enchaine avec un tome 2 ?

    Un renouveau, dans la continuité [spoiler tome 1]

    En termes d’histoire, le livre reprend quelques années après la fin du premier tome. L’humanité est de retour sur Terre. Et s’y opposent deux visions de l’humanité : celle qui a embrassé, plus ou moins avec facilité, le partenariat proposé par les extraterrestres, et qui est en train de changer ; celle qui se refuse à ce partenariat, et est condamnée à vivre certes longtemps, mais de façon stérile.

    Le personnage principal change : on passe de Lillith, solide héroïne chamboulée, à l’un de ses enfants, Akin. Ce dernier est un humain « nouvelle génération », i.e. une sorte d’hybride humain/extraterrestre. Plus humain que les autres ceci dit, il va se retrouver en pleine réflexion sur les raisons d’être des deux communautés.

    Un roman sur le rapport à l’autre

    Comme pour le premier, je dois avouer être un peu décontenancé par ce roman. C’est assez difficile à qualifier, mais on n’y retrouve pas les codes habituels. Sans doute car, malgré un très solide travail de construction de la société, et de ses races extraterrestres, je crois que le propos n’est pas là. Ce qui est d’autant plus étonnant sur une trilogie, le format long se prêtant quand même spontanément nettement plus à un « je vous conte une histoire » qu’à un « ok, il y a une histoire, mais profitez en pour réfléchir ». Ici, je crois qu’on veut bien nous faire réflechir.

    Ce qui donne un roman vivant, un roman où Akin est un personnage vraiment intéressant qui prend fort efficacement la place de sa mère. Un roman très différent du premier aussi : autre ton, autre découverte, autre propos. Et un roman qui veut, je crois, nous faire réfléchir sur le sens profond « d’être humain », plus encore peut être que dans le premier tome. Et sur les difficultés, aussi, du rapport à l’autre.

    En conclusion : lisez le 🙂

    Au final, je trouve cette trilogie d’Octavia Butler, et plus particulièrement ici ce tome 2, l’Initiation, particulièrement réussie. Il ne s’agit pas d’un roman de science fiction classique, mais bien plus d’une invitation à la réflexion dans un cadre de science fiction. Ici, c’est l’altérité qui est en question, le rapport à l’autre, le rapport à sa propre humanité. A une heure où on réalise chaque jour un peu plus la difficulté de se confronter à son voisin sans violence, j’ai trouvé le propos très actuel. Ne vous méprenez pas : l’histoire est agréable à lire, les personnes intéressants, et il y a un vrai rythme dans ce livre. Mais avec ce livre d’Octavia Butler, vous aurez quelque chose de plus. Lisez le 🙂 De mon côté, je lirai volontiers le tome 3. Sans impatience particulière – encore une fois, ce n’est pas l’histoire, c’est le voyage ici -, mais avec un vrai intérêt.

    Autres avis : le nocher des livres, De l’autre côté des livres, Quoi de neuf sur ma pile

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  • Missions Stellaires (Brandon Sanderson, Skyward 2.5)

    Missions Stellaires (Brandon Sanderson, Skyward 2.5)
    Extrait de la couverture de Missions Stellaires

    J’ai l’impression de ne vous parler que de Brandon Sanderson en ce moment. Mais tant pis ! Ce « Missions Stellaires » est un excellent livre, et je suis obligé de vous en dire aussi quelques mots !

    Un livre a priori intermédiaire

    Missions Stellaires est en réalité composé de 3 livres différents : Héliante, RéAube, et Rivéternelle. Je dis trois livres, et pas nouvelles, car chacun fait entre 200 et 300 pages : on est donc bien dans un lot très honnête ! Je ne peux d’ailleurs que saluer la sympathie de l’éditeur (Livre de Poche, mais format plus grand que le classique) de réunir les 3 en un ouvrage pour 22,90. A l’heure où les prix me semblent considérablement augmenter, et où certains aiment couper en deux les livres (je ne pense à aucun éditeur !), c’est bienvenu.

    Bref. Il s’agit ici du 4e livre dans l’univers de Skyward, après 3 premiers consacrés à une héroïne en particulière, la bien nommée (?) Spensa. Temporellement, il se trouve entre le 2 et le 3, et chaque livre ici présente la spécificité de nous fournir le point de vue d’autres protagonistes de l’histoire que la seule héroïne principale.

    Disons le très clairement : ce côté livre intermédiaire/je change de personnage est pour moi la recette du désastre. Cela a rarement marché avec moi, et ça sonne toujours ‘remplissage’. Je m’y suis donc lancé avec une certaine inquiétude, sachant en plus que j’ai vraiment beaucoup apprécié le premier tome, comme le deuxième puis le troisième (mais pas de lien sur le 3e, il semblerait que je ne vous en ai rien dit !).

    Toujours une histoire de space opéra/roman initiatique

    Parce que vous n’avez peut être pas encore tous lus SkyWard, je peux rappeler un peu de quoi on parle. Placés dans une époque indéterminée, on suit un groupe d’humains survivants. Peu nombreux, réfugiés sur une planète qui n’est pas la Terre, ces derniers luttent pour leur vie en permanence contre des vaisseaux ennemis venant régulièrement tenter de les neutraliser. Pour cela, un peu à la Top Gun, ils disposent d’escadrilles de combats qui risquent en permanence leur vie. Plutôt constitués d’adolescents, ou de jeunes adultes.

    Ici, Skyward prend place après le deuxième tome, et met en avant des personnages importants mais moins exploités jusqu’à présent de l’escadrille « Vers les Etoiles ». Et contribue à mieux éclaircir ce qu’il se passe autour de cette planète, puisque, au delà du premier tome, on découvre petit à petit qu’il existe un univers autour qui n’aime pas franchement les êtres humains.

    Tous les ingrédients y sont !

    Et le moins que l’on puisse dire, c’est que j’ai passé un sacré bon moment en lisant ces « Missions Stellaires » ! Bien sûr, pour ceux n’ayant pas lu le premier, ce n’est pas un bon point de départ. Le premier reste exceptionnel pour moi, il a en plus un gros côté roman initiatique, et il est vraiment important de comprendre d’où tous ces personnages viennent.

    Mais, si vous avez apprécié les autres tomes, et hésitez comme moi à vous lancer dans un tome qui semble « annexe », n’hésitez pas ! Malgré le changement de personnage, l’univers est complètement présent, et conservé. Le style, si facile et fluide, est toujours le même, et malgré les presque 800 pages, aucun problème pour vous avaler l’ouvrage en quelques heures. De plus, découvrir d’autres personnages est une vraie réussite, et ouvre en plus de nouvelles perspectives sur le développement de l’univers. De plus, à mon sens, l’histoire qui y est contée, si elle n’est pas nécessaire au tome 3, est un vrai plus. L’univers se complexifie, des personnages probablement importants y sont présentés… Vraiment, une sacrée réussite !

    Au final… Lancez vous dans Skyward !

    Le cycle de Skyward est une sacrée réussite pour moi. Dans la lignée de « Un vieil homme et la guerre » (un chouïa en dessous peut être pour le moment), avec un petit côté Assassynth. Ici, Missions Stellaires, en changeant les personnages, était un vrai pari. Mais le pari est complètement atteint : on en sait plus sur l’univers, on s’est attaché à d’autres personnages, et cela ne fait qu’augmenter mon impatience de m’y plonger de nouveau ! Au final, mon seul regret est sans doute : pourquoi l’avoir appelé « 2.5 » ? C’est un livre à part entière, et je ne peux que vous conseiller de vous y plonger !

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    Site de l’éditeur

  • Manuel de Survie du Sorcier Frugal (Brandon Sanderson)

    Manuel de Survie du Sorcier Frugal (Brandon Sanderson)
    Manuel de Survie d'un Sorcier Frugal - Couverture

    Et voici encore un projet secret pour l’ami Brandon Sanderson : le Manuel de Survie du Sorcier Frugal dans l’Angleterre médiévale. Le deuxième pour moi après Yumi, et le Peintre de Cauchemars.

    Démarrer sans ne rien savoir…

    L’histoire de ce livre est assez différente de la littérature Fantasy habituelle à mon sens. Notre héros se réveille dans un monde qu’il ne connait pas, avec plus ou moins aucune connaissance du lieu, de son identité, de ce qu’il fait ici. Complètement perdu, dans un monde qui lui semble en plus complètement décalé temporellement – on se croirait au moyen âge ! Sauf que… y aurait-il en plus de la magie ?

    Accroche rigolote, mais qui ne dit pas grand chose, je vous l’accorde. Mais c’est bien ce qu’il faut savoir pour se lancer dans ce livre : on suit un héros qui va devoir tout (re)découvrir, et « grimper » socialement, puisqu’il part quand même du niveau zéro. Seule subtilité : il a quelques pages d’un livre, d’un « Manuel de Survie d’un Sorcier Frugal en Nouvelle-Angleterre », qui semble avoir quelques réponses…

    … ce sont les codes d’Isekai, i.e. de mangas !

    Vous aurez peut être deviné où je veux en venir avec cette présentation : on est ici dans un manga ! Et plus particulièrement dans un « Isekai », qui se définit, d’après la première définition sortant sur Google de la façon suivante : « Dans ces histoires, le héros, la plupart du temps un homme banal et sans succès, se retrouve projeté (par exemple après réincarnation ou connexion à un jeu) dans un autre monde ». On y est à 200%.

    Et la bonne nouvelle c’est que, c’est Brandon Sanderson : bien sûr que ça fonctionne ! Les projets secrets sont un peu des moments volés dans sa bibliographie pour moi, des moments à part dans lequel il part dans quelque chose de nouveau, sans pour autant renier son talent de conteur. On est ici complètement là dedans.

    L’histoire se lit, comme on pouvait s’y attendre, toute seule, possiblement en une fois. Le héros est attachant, rencontre des personnages attachants et, comme dans tout bon Isekai, progresse, en partant de rien. Un côté épique, un côté naïf, un côté fleur bleu, un coté action. Tous les ingrédients y sont !

    Brandon Sanderson a donc écrit, tranquillement, un manga. Je ne m’y attendais pas, mais tous les codes y sont, mais avec sa touche personnelle de conteur. Alors, si vous aimez les héros un peu nuls, mais qui se soignent. Si vous avez envie d’une promenade dans un moyen âge enchanté : embarquez ! Et de mon côté, j’attends désormais avec impatience le prochain – et dernier – projet secret de l’ami Brandon, qui ne devrait pas tarder à sortir en plus !

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  • La Tragédie de l’Orque (Pierre Raufaust)

    La Tragédie de l’Orque (Pierre Raufaust)
    Couverture de la tragédie de l'Orque (trilogie baryonnique tome 1)

    La Tragédie de l’Orque est le premier tome d’une trilogie de SF française par un auteur que je dois avouer ne pas connaitre : Pierre Raufast. Trilogie au nom assez emballant pour l’amateur de Hard SF que je peux être : la Trilogie Baryonique.

    Une aventure spatiale

    Hard SF serait sans doute un peu fort ici ceci dit. Ou du moins – pour ceux que cela effraye -, ce n’est en tout cas pas un obstacle du tout. Il y a certes un background scientifique, mais il ne prend pas la première place.

    Et qu’est ce qui la prend, cette première place ? Hé bien, une aventure humaine bien sûr ! L’idée est la suivante : dans une bonne centaine d’années, l’être humain a trouvé un nouvel élément à chasser : l’antimatière. Source d’alimentation miraculeuse, mais sacrément difficile à trouver. Pour faire cela, il envoie de petits vaisseaux – limités à deux personnes – en exploration dans différentes zones de la galaxie. En créant de petits trous noirs par lesquels il est possible de se faufiler. Oui, bon, ok, je vois ce que vous pensez : Hard SF quand même, le background est important. C’est assez juste.

    M’enfin. Dans l’idée, voilà le pitch. On se retrouve dans cette terre du futur, post apocalypse climatique. Et on va suivre deux équipages à qui, disons, il arrive des aventures.

    Un bon moment, une suite à considérer

    Dans l’ensemble, j’ai passé un bon moment à lire ce livre. Tous les ingrédients d’un bon moment y sont en même temps : des personnages sympathiques, un bon background scientifique, une écriture économe, aussi (pas tant de pages que ça dans ce livre !). Et puis, un univers d’anticipation somme toute assez intéressant aussi, même si l’ensemble est suggéré plus que détaillé (on est quand même post-apocalypse climatique, et post plusieurs milliards de morts, c’est… inspirant ?).

    J’ai passé un bon moment, et ma phrase peut s’arrêter là. Si je veux être complet ceci dit, il va falloir que j’ajoute un « mais ». La Tragédie de l’Orque a tous les ingrédients d’un bon livre, mais il manque peut être un peu d’extravagance. En quelques sortes, tout y est, rien ne déborde. Sachant qu’on est cependant sur un tome 1, je dois dire que je suis intéressé. Deux options : soit on reste un peu « sans déborder », et ce sera un bon moment. Soit on s’appuie sur ce tome 1 qui ouvre des pistes et, bien exploitées, ça peut vraiment devenir quelque chose de très sympa. Je ne sais pas. Encore.

    Dans l’ensemble, ce premier tome de la Trilogie Baryonique vous propose de passer un bon moment. De suivre les aventures de 4 héros dans leur vaisseau qui creuse des trous noirs – pas si courant ! Un bon moment, mais qui manque peut être un peu d’extra. J’attends donc la suite avec un vrai intérêt, histoire de voir si ce début va pouvoir se matérialiser en quelque chose de vraiment sympa.

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  • Une brèche dans le Ciel (Peter Hamilton)

    Une brèche dans le Ciel (Peter Hamilton)
    Extrait de la couverture du Tome 1 de l'Arche Spatiale

    C’est marrant, il me semblait bien que j’oubliais quelque chose hier, en parlant de Dragon Déchu (déçu ?) de Peter F. Hamilton. J’oubliais pourquoi je m’étais mis à relire les Hamilton que je n’avais pas lus : et la raison, c’est ce livre ! Cette « Brèche dans le Ciel », premier tome d’une nouvelle trilogie baptisée « Arche Spatiale ».

    Une histoire de voyage intergénérationnel

    L’histoire commence sur un vaisseau intergénérationnel, au moins 500 ans après son départ. A la recherche d’une nouvelle Terre, ce dernier n’a pas encore trouvé son bonheur. Pire, une mutinerie a éclaté longtemps auparavant, réduisant les ressources, limitant de façon assez drastique l’espérance de vie. Et les choses paraissent encore empire…

    C’est dans cet univers qu’on va suivre une bande de jeunes adolescents, à la recherche de réponses, à la recherche de survie. Qu’on va suivre Hazel et ses compagnons.

    Un côté Young Adult, peut être

    Quand les héros sont des ados, je pense qu’on peut toujours se dire qu’il s’agit de Young Adult. Mais en même temps, quand j’étais « Young Adult », j’ai commencé par Asimov, qui ne serait pas catalogué comme tel aujourd’hui. Donc cette notion n’a pas beaucoup de sens pour moi.

    Ce qui en a par contre c’est le plaisir de lecture. Et dans ce livre, je dirais qu’il est intégral, au sens où il n’y a pas la moindre difficulté, ni absence de fluidité. Ce livre coule tout seul. L’ambition ne me semble pas immense, on n’est pas dans la Hard SF, ni dans le développement d’un univers qui connaitra beaucoup de développements. On est juste dans de la lecture de vacances, à suivre les aventures de Hazel au milieu d’un gigantesque vaisseau qui recèle bien plus de secrets qu’il ne le semblerait à première vue.

    Au final…

    Au final, c’est ce début de trilogie d’Arche Spatiale qui m’a donné envie de me replonger dans du Hamilton. Une lecture sans prise de tête, pur space opéra dans un vaisseau – ce qui n’est plus si courant. Juste un bon moment, quelques 300 pages peut être pendant lesquels on souhaite juste connaitre la suite. Et justement, puisque je publie cette chronique tout à fait en retard, la suite vient de sortir, et ce sera sans doute l’objet de ma chronique de demain.

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  • Dragon Déchu (Peter Hamilton)

    Dragon Déchu (Peter Hamilton)
    Extrait de la couverture de Dragon Déchu, de Peter Hamilton

    Une fois n’est pas coutume en ce moment, Dragon Déchu n’est pas un « rattrapage » de chroniques, mais bien ma lecture la plus récente. Une lecture dont je dois avouer que j’attendais quelque chose : le livre me semblait auréolé d’une réputation interessante, et le cycle « Salvation » de l’auteur m’avait fait une bonne impression. De quoi se lancer dans cette lecture confiant.

    L’histoire d’un homme qui a envie de voyage

    Bon, petite surprise ceci dit : le livre n’a quasiment rien à voir avec son titre, et moins encore avec la 4e de couverture. Quasiment car, bien sûr, il a quelque chose à voir. Mais quand il faut attendre 800 pages (sur un peu plus de 900) pour le comprendre, je pense qu’on peut quand même être étonné. A la rigueur, pour le titre, pourquoi pas. Mais le résumé ? Choix incompréhensible de l’auteur.

    Ceci étant, le résumé à l’arrière n’était pas fou fou non plus, donc quelque part, ce n’est pas si grave. Mais finalement, de quoi cela parle ?

    Le livre se concentre sur le personnage de Lawrence Newton. En mélangeant – sans aucune indication, il m’a fallu un temps pour le comprendre je l’avoue… – deux temporalités différentes. La jeunesse du jeune Lawrence, et ses rêves de voyage interstellaire, de vie de pionnier, de vie de découvreur. Et sa vie adulte, qui le confronte à ses rêves. On est donc ici sur un space opéra d’aventures, avec comme petite spécificité cette double ligne temporelle.

    Du positif, surtout dans le cynisme de l’univers

    Commençons par le positif : j’ai trouvé le contexte politique de l’univers tout à fait intéressant. Le voyage stellaire est assez peu usité car il est trop cher ! Créer des colonies coûte cher car tout ce qui y est produit coûte trop cher à importer sur Terre. Résultat : on se trouve dans une forme de jungle assez peu séduisante, où les grandes entreprises font à peu près ce qu’elles veulent des colonies qu’elles ont créé. C’est quelque part très bien pensé je trouve, et cela change des univers habituels où un grand empire domine, éventuellement contesté, mais toujours hégémonique.

    Une fois ceci dit…

    Bon, j’ai commencé le positif parce que, une fois n’est pas coutume, je manque un peu d’enthousiasme. Ce n’est pas que le livre soit mauvais mais, j’ai pas mal de points qui m’ont gênés quand même :

    • Je ne sais pas ce qu’il raconte au final… Je n’en dirais pas trop pour ne pas spoiler, mais j’ai un peu du mal à comprendre le personnage de Lawrence. Et la fin, franchement, ne m’éclaire pas beaucoup, je ne la trouve pas crédible
    • Compte tenu de ce premier point, le deuxième est logique : 900 pages pour tourner en rond, c’est quand même sacrément long ! Je pense que ce livre pouvait aisément être divisé par deux
    • Aucun personnage secondaire dans cette histoire. Je veux dire, il y en a, mais pas développés. Ils passent, ils viennent dire bonjour, et repartent (parfois sur 300 pages, mais ça ne change pas mon propos)
    • C’est bien la première fois que je ressens cela sur un livre mais, je pense que l’auteur l’a écrit à un moment où il avait pas mal de fantasmes. Sa vision des femmes, ou en tout cas de certaines d’entre elles, me semble bien étonnante, et bien développée sur le côté « lit/soumis ». Et je ne comprends pas l’intérêt de ces scènes

    Dans l’ensemble…

    Dans l’ensemble, je pense que je suis complètement passé à côté de ce livre. Il y a des idées, surtout dans l’univers, mais les personnages sont d’une faiblesse bien triste, je ne comprends pas le propos, et puis, 900 pages pour cela… J’ai passé beaucoup de temps à me dire « ne juge pas, ca peut se révéler d’un coup, et tout prendra sens », et c’est donc très déçu que j’ai refermé ce livre – sur quelques dernières pages d’ailleurs qui ne font pas sens pour moi. Dommage, car c’est pourtant tout à fait mon style de livre habituellement. Désolé pour ceux qui ont aimé donc, mais c’est une rencontre ratée pour moi !

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    Autres avis (qui suggèrent que je suis sans doute passé à côté de quelque chose) : Albédo, LImagineria, La Bibliothèque de Maho

  • Projet Dernière Chance (Andy Weir)

    Projet Dernière Chance (Andy Weir)

    Dans mon rattrapage de chroniques, je m’aperçois que je n’ai pas parlé de ce livre : Projet Dernière Chance ! Et que c’est une erreur, car il est sacrément bien ! Je m’empresse donc de vous en dire un mot.

    Au fond, juste un voyage dans l’espace

    Bon, je fais traditionnellement court dans les résumés, et je n’ai pas envie de faire beaucoup plus long ici, car je ne veux pas trop spoiler. Plaçons juste le décor donc. Nous sommes dans un futur qu’on espère lointain, mais avec quelques doutes quand même. La Terre ne va pas bien, et une expédition est lancée, à travers l’espace, pour essayer de régler le problème. Une expédition avec tout un équipage, dont le bien heureux Ryland Grace. Cette expédition part fort loin du système solaire, et le pauvre Ryland va se retrouver bien seul pour trouver une solution au problème de la survie de l’espèce humaine.

    Sense of Wonder et idées spectaculaires

    Je vous ai donné envie avec mon résumé ? Sans doute pas, je me doute. C’est un peu fait exprès, car franchement, lire mon résumé ne sert à rien. La 4e de couverture est plutôt bien faite, et de toute façon, c’est pas la fin qui compte, mais le voyage, non ?

    Et en l’occurence, ce livre offre un sacré voyage dans l’Univers ! Andy Weir a bien sûr été remarqué pour avoir abandonné Matt Damon sur Mars (je schématise, certes), et l’avoir forcé à pas mal réfléchir pour réussir à revenir. Il écrit bien, avec un bon rythme, et des personnages intéressants. Mais ce n’est pas ce qui m’a impressionné ici.

    Ce qui est impressionnant c’est que ce livre fourmille d’idées ! Je vais m’emballer un peu mais, on a un vrai côté scientifique (oserais-je citer Baxter…), une vraie réflexion de fond passionnante, des idées brillantes, mais au service d’une histoire qui s’adapterait très bien en film une fois encore. Des points communs avec seuls sur Mars existent, c’est clair : le héros est là aussi extrêmement ingénieux, et se retrouve plus ou moins seul avec ses talents pour s’en sortir. Cette fois cependant, les enjeux sont bien supérieurs – la survie de la race humaine -, et la toile de fond également – on passe de Mars à quelque chose comme la Galaxie -.

    Seul sur Mars, version améliorée

    Finalement, la façon la plus simple de décrire ce « Projet Dernière Chance » est sans doute la suivante : c’est un « Seul sur Mars », avec plus d’enjeux, plus de Sense of Wonder, plus d’idées peut être encore, sans pour autant perdre le côté tellement agréable à lire et à suivre. On se trouve à la croisée de la SF scientifique (hard SF oserais-je dire), mais avec un côté très humain, voire très Blockbuster quelque part. Ce livre peut plaire à tout le monde – je l’ai personnellement conseillé à ma femme, lectrice occasionnelle de SF, et elle a beaucoup aimé -. Lisez le ! Franchement, il n’est pas sans défaut, ce ne sera pas un livre culte, mais ce voyage ne vous prendra sans doute qu’une nuit tant le rythme est agréable, et en échange, vous passerez à mon sens un vrai bon moment !

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    Autres avis : Apophis, Chien Critique, FeyGirl, Lohrkan, Le Maki