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Le Dixième Vaisseau (Pierre Bordage)


Il me semble que je n’en ai pas souvent parlé ici car mes lectures de lui datent un peu, mais j’aime beaucoup Pierre Bordage. Enfin, à défaut de connaitre l’homme, j’ai beaucoup aimé pas mal de ses cycles qui restent des références pour moi (la Fraternité du Panca, par exemple). Aussi, je guette toujours avec un certain intérêt ses sorties, certain d’y retrouver au moins, à chaque fois, son talent de conteur capable de nous emporter dans ses histoires.
De la science fiction
Ici, le dixième vaisseau est, comme son nom l’indique fort bien, un livre de science fiction. L’histoire se passe dans une galaxie ma foi fort colonisée par une espère humaine dont on ne sait peu de choses, si ce n’est qu’elle ressemble quand même pas mal aux humains d’aujourd’hui. Le pitch est assez simple : 9 vaisseaux disparaissent en essayant de rejoindre une nouvelle galaxie à explorer. Pour essayer de percer le mystère, un capitaine particulièrement doué est sorti de son pénitencier, avec un deal simple : réussis, et tu seras libre (l’alternative étant, selon toute probabilité, la mort).
Bien, mais
Sur cette base, l’intrigue peut évidemment partir dans beaucoup de directions, mais je n’en dirais pas vraiment plus, le livre fait 400 pages, à vous de le découvrir. Ceci dit, je peux vous dire quelques mots quand même sur ce que j’en pense.
Et à dire vrai, j’en pense beaucoup, et peu de choses.
Pierre Bordage, je l’ai dit, est pour moi un extraordinaire conteur français, que j’ai surtout appris à apprécier dans ses longs cycles à la montée en tension progressive. Cycles qui partagent tous, d’ailleurs, la même trame de fond à mon sens, les rendant très semblables, sans que le plaisir de les lire ne se renie.
Et c’est bien ce conteur qui se retrouve ici. Le style est fluide, l’histoire est intéressante, les personnages aussi. Ce livre se lit bien, et vous passerez un bon moment en le lisant.
Mais… Mais on parle de Pierre Bordage. Et pour le coup, il manque pour moi quelque chose. Un souffle. Une inspiration. Ce petit quelque chose de plus qui m’a toujours transporté dans ses grands cycles. Ceci n’en fait pas un mauvais livre, loin de là, mais simplement, pas forcément ce que j’espérais.
Au final…
Au final, je suis dur. J’ai vraiment passé un bon moment en lisant ce livre, qui correspond bien à mon style de livre (space opéra !). Et sans le passif que j’ai avec l’auteur, vous pourrez sans doute le lire sans regret, et avec un vrai plaisir. C’est un bon livre. Simplement… je vais me faire le plaisir un jour de relire la fraternité du Panca, malgré tout, juste pour voir 🙂
Autres avis : SciFiLisons, En Tournant les Pages, Calysse
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Yumi et le peintre de cauchemars (Brandon Sanderson)


Brandon Sanderson semble s’être ennuyé pendant le Covid, et c’est une bonne nouvelle ! Car, pour fêter ça, il a écrit des livres dits « projets secrets », financés a priori de façon participative (même si ça ne concerne pas la version française il me semble, qui n’a pas l’air autoéditée). Et ça donne des livres un peu différents de ce qu’il fait d’habitude. En l’occurence, ici, je me suis lancé sur son deuxième projet secret, « Yumi et le peintre de cauchemars ».
Une lecture à la cool
Comme dirait un vieil ami à moi, on se place à la cool avec ce livre. On est clairement dans de la littérature ado-compatible, ce qui n’est nullement un point négatif : j’aime bien me détendre en lisant !
Bon, de quoi ça parle ceci dit. Peintre vit dans un monde de ténèbres éternelles, et est un « peintre de cauchemar ». Un jeune adulte dont le principal métier est de se promener la nuit dans sa ville afin de peindre les cauchemars. Ce qui s’entend au sens littéral : ceci les fige dans des formes qui évite qu’ils ne s’en prennent aux humains. A l’inverse, Yumi est une prêtresse vivant dans un monde de lumière éternelle, en appelant aux esprits en faisant appel globalement, à sa grâce. Ces deux mondes ne se connaissent pas, sont vraiment à l’opposé l’un de l’autre. Les personnages sont également à l’opposé, entre jeune homme sombre sans but et prêtresse lumineuse à la vie bien réglée. Et pourtant, bien sûr, un élément extérieur va les amener à se réunir, à se retrouver, et l’intrigue va commencer.
Un moment feel-good, sans forcément plus de prétention
Bon, l’histoire parait simple, et un peu caricaturale (lumière, nuit, on est dans une symbolique assez simple). Mais est-ce que ça fonctionne?
Hé bien, à mon sens, ça fonctionne très bien ! L’histoire se lit toute seule, on s’attache progressivement aux personnages. Tout cela est ma foi très gentillet, mais en même temps, pourquoi bouder son plaisir ?
Et puis, mine de rien, c’est une lecture qui peut se partager en famille. En lisant ce genre de livres, c’est une question que je me pose : est-ce que je peux le conseiller à mon grand bonhomme de 11 ans un peu inquiet par des lectures qui font peur. Et oui, probablement, même si la notion de cauchemar risque de ne pas lui plaire, je pense que ça passe, et c’est un plus.
Et au final, est-ce que je vous conseille ce « Yumi et le peintre de cauchemars » ? Cela dépendra de ce que vous cherchez. Ce livre n’est pas un must-have, et ne va pas devenir un incontournable absolu. Cependant, autour d’une histoire simple reprenant quelques clichés (de romance, d’opposition nuit/lumière), Brandon Sanderson amène quelques idées intéressantes. Et amène surtout une atmosphère agréable, avec un bon rythme de lecture. Cela s’avale donc sans mâcher, et on en ressort sans le moindre mal de ventre. Pas de surprise pour les lectures habituels de l’auteur (j’avais particulièrement aimé sa trilogie de Fils des Brumes, mais aussi SkyWard 1 et 2 !). L’homme sait conter ! De mon côté, cela m’a fait passer un moment suffisamment bon pour que j’achète un autre de ses projets secrets, ainsi que les chroniques de Roshar 🙂 A vous de voir !
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Autres avis : L’imaginerium de Symphonie, LadyLivre, Fairstelphique
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L’Aube (Octavia Butler)


Comme promis, je vais enchainer plusieurs chroniques. Et en voici une d’une sortie pas si récente, et surtout d’un livre tout à fait original : l’Aube, d’Octavia Butler. Qui est le premier tome d’une trilogie appelée Xenogénésis.
Du Post Apo, du premier contact,… de la SF, mais originale !
L’histoire – et je vais en dire peu de choses – est assez simple. La Terre s’est globalement autodétruite. Des extraterrestres sont apparus au dernier moment pour nous sauver. Et nous suivons une de ces survivantes, Lilith (rien à voir avec Diablo 4) qui se réveille sur un vaisseau extraterrestre, un peu perdue…
Alors, on est donc dans du post apocalyptique – c’est le cas de le dire -. Mais aussi dans du premier contact, surtout. Et puis, dans quelque chose qui, malgré ce contexte d’anticipation pure, m’a semblé très humain avant tout. Au milieu de tous ces grands mots, ces grands genres, c’est surtout une réflexion sur l’Homme qui se trouve.
Une histoire de choix, mais pas que
Avant de me plonger dans ce livre – dont la couverture ne m’avait, je dois l’avouer, que peu attiré -, j’ai lu quelques chroniques pour savoir à quoi m’en tenir. Et j’ai beaucoup lu que ce livre était intéressant car il confrontait Lillith à un choix. Celle-ci se retrouve en effet seule face à des extraterrestres qui ont, ou peuvent, sauver les humains. Mais à quel prix ?
Ce « choix », dont je ne dirais bien sûr rien, existe. Mais pour moi, je dois avouer que ce n’est pas là que réside l’intérêt principal du livre.
L’intérêt il est que… c’est tellement réaliste ! Enfin, entendons nous bien, ça ne l’est pas. Mais la façon dont les extraterrestres, leur société, celle de Lilith aussi, sont construits, décrit. On s’y croirait presque, et en tout cas j’ai bien plongé dedans pendant ma lecture.
Pas un livre d’action, mais pas un livre contemplatif non plus
L’Aube n’est pas un livre d’action. Pas de grande guerre galactique, pas de retour d’une flotte de vaisseau humain qui se venge de méchants extraterrestres.
Ce livre suit une héroïne, qui partage ses doutes, ses réflexions, dans un univers déroutant de réalisme. Ce livre fait réfléchir.
Mais ce livre a une vraie histoire. Je n’en dirais rien mais, l’être humain ne doit pas décevoir dans le cas d’un premier contact, non ? Et il ne déçoit pas. Le livre a un vrai rythme, une vraie histoire, un vrai suspens, et une vraie fin, ce qui est appréciable pour un livre appartenant quand même à une trilogie !
Au final, une très bonne lecture !
Ma chronique – j’ai un peu perdu le rythme -, je m’en rends compte, est un peu confuse. A ma décharge, j’ai trouvé le livre déroutant. Il sort des livres de science fiction ordinaire. Il n’en a pas les codes à mon sens. On sent une vraie réflexion derrière un vernis pourtant très agréable à lire. Le personnage est passionnant, ses doutes également. La race d’extraterrestre présentée l’est également, sans excès d’anthropomorphisme. Et au final, cela se lit très bien. Alors, sauf si vous cherchez de l’action pure (c’est parfois mon cas ;)), tentez le ! Au mieux, cela vous fera réfléchir. Et au pire, vous passerez dans tous les cas un bon moment !
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BlueBird (Ciel Pierlot)


Hum. Il semblerait que je n’ai pas posté ici depuis quelques temps. Pas mal de raisons diverses et variées, mais sans grand intérêt pour le lecteur.
Cependant, quand j’ai vu hier l’annonce de la liquidation des éditions ActuSF, cela m’a fait un petit quelque chose. Pendant un temps – lointain désormais !-, j’ai vu le site comme un concurrent moins à mon goût du défunt Cafard Cosmique, et j’ai eu du mal à m’y attacher. Et puis, finalement, les années passant, il faut avouer qu’il s’agit d’un pilier de la SF en France. Et puis, plus récemment, j’ai eu l’occasion de découvrira quelques belles lectures dans ces jolies éditions, comme « La lumière lointaine des étoiles », dont je parlais ici. Comme Summerland, dont je parlais ici. Et puis comme ce Bluebird dont je vais vous parler ici.
Et au final, un éditeur qui ferme, en SF, c’est toujours une terrible nouvelle. Alors, en guise de petite contribution ridicule mais il en faut (n’étant pas milliardaire, mes contributions se voient moins, il faut l’avouer), je me suis dit que j’allais poster une petite chronique pour dire tout le bien que je pensais de ce livre. Trop tard certes, mais du coup je vais aussi en profiter cette semaine pour rattraper un tout petit peu mon retard (car ne pas poster ne veut pas dire pas lire, vous vous en doutez…), et vous mettre quelques chroniques de mes lectures récentes !
Un space opéra, si si
Bon, commençons par le début, à savoir ma non-spécialité absolue : le résumé. Soyons simple : on est ici dans un Space Opéra dans le sens le plus classique du terme. Une héroïne, une aventure, un saut de planète en planète pour tenter de sauver le monde, ou en tout cas des proches. Plus précisément, on suit Rig, femme contestataire dans une galaxie qui tolère difficilement ce type de profil, mais surtout génie absolu (des armes, a priori). Rig vit sa vie entre petits boulots et larcins dans un univers marqué par la prédominance de 3 empires, qui franchement ont l’air tous plus ou moins détestables. Et qui se livrent une guerre qu’on pourrait aisément qualifier d’éternelle.
Et je n’ai pas envie d’en dire plus. Car pour le coup, le résumé à l’arrière en dit trop à mon sens, anticipant sur un grand nombre de pages.
Du rythme, de l’action, des personnages sympathiques
A défaut d’en dire plus sur l’histoire, je peux quand même essayer de vous donner du feeling sur l’intérêt pour vous.
L’éditeur, sur son site, parle de « Han Solo écrit par Becky Chambers » (ici). Et j’arrive à la fois à ne pas forcément être d’accord, mais en même temps à comprendre d’où il vient.
On est ici dans ce que j’aurais envie de qualifier d’action à échelle humaine. Il se passe sans doute des choses dans la galaxie, mais on a vraiment la vision du personnage principal. Ce qui donne une approche très humaine à l’histoire, voire sympathique (le personnage principal ayant une tendance sympathique quand même). Personnage aventurier qui a en effet un certain nombre de traits en commun avec Han Solo : aventurier, pilote son propre vaisseau et y tient beaucoup, a une fâcheuse tendance à foncer tout droit.
Cette approche humaine ne suffit cependant pas à en faire un Becky Chambers, pour la simple raison que vous n’allez pas forcément ressortir très optimiste sur l’espère humaine. Pas si pessimiste non plus notez, mais ce côté feel good qui marque l’oeuvre de Becky Chambers n’est à mon sens pas présent. Ce qui n’enlève rien au côté agréable de la lecture ! Ce n’est juste pas spécifiquement du feel good.
En synthèse : lisez le pour passer un bon moment !
Où tout cela nous laisse ? Au fait que Bluebird est une lecture qui m’a fait passer un très bon moment ! Le livre est vraiment efficace : bon rythme, persos attachants, histoire intéressante. Pour en faire une légende, il faudra des suites – que je lirai volontiers d’ailleurs, il y a la place-, mais en attendant, c’est vraiment le type de bonne lecture à laquelle j’aime m’adonner pendant mes vacances. Profitez en tant que c’est encore possible donc : venez rencontrer Rig, et la suivre à travers une galaxie sans sabre laser, mais avec pas mal de choses sympas quand même !
Autres avis : l’Ours Inculte, Fantasy à la carte
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Les Royaumes de la Mort – Christophe Ruocchio (Dévoreur de Soleil tome 4)


Hé bien. Je viens de terminer ma lecture du tome 4 du dévoreur de Soleil, de Christophe Ruocchio, fort justement appelé « Les Royaumes de la Mort ». Et il faut que je vous en parle. En plus, il semble que ce sera la première fois que je vous parlerai de Sun Eater, ce qui m’étonne tant j’apprécie toujours ces moments de lecture depuis la publication du premier tome en français, en 2020.
Du space opéra, mais pas que…
A tout seigneur tout honneur, c’est au célèbre Apophis que je dois de m’être lancé dans cette série (grâce notamment à cette chronique). Pour vous hyper sur cette saga, n’hésitez pas à vous y référer, il fait ça très bien. Cette saga est une saga de, disons, space opéra. Mais pas que, du tout.
Disons qu’on y suit le récit à la première personne dressé par le héros, Hadrian Marlowe. Palatin de son état, c’est à dire membre de la noblesse du gigantesque empire galactique qu’a constitué une partie d’une espère humaine qui a conquis les étoiles. Ce qui lui octroie une vie nettement plus longue que le commun des mortels grâce à des gênes pensés sur mesure.
La partie space opéra provient du fait qu’on se promène dans un empire galactique en guerre, ce qui permet de répondre à pas mal de codes du space opéra. Mais, à dire vrai, on va plus loin, car il lui arrive de sacrées aventures à ce bon vieux Hadrian, ce qui donne à ce récit un côté récit d’aventures, récit initiatique, peplum… Choisissez votre poison !
Bref, on est ici dans une saga de space opéra, de roman d’aventures, pleine de rebondissements et d’intensité.
Un tome 4 loin de conclure la saga…
Bon, c’est un tome 4, je ne veux pas spoiler, difficile de vous raconter grand chose. Et puis, à ce stade, il y a deux solutions : vous avez lu les premiers tomes et hésitez à poursuivre ou vous hésitez à vous lancer dans la saga en attendant de voir si elle avance bien.
A ces deux profils de lecteurs potentiels, j’ai envie de dire la même chose : lancez vous !
Et pourtant, je dois avouer que, pendant une bonne grosse partie du livre – qui comme toujours, se lit tout seul dans un style agréable -, je me suis demandé combien il faudrait de tomes pour finir cette saga. Car il faut avouer qu’on semble très très très loin de la conclusion de tout cela (il faudra que je me renseigne pour savoir combien de tomes sont prévus). Et ce tome marque encore un changement dans le style par rapport aux précédents puisqu’il s’agit très largement d’un huis clos, ce qui ne facilite pas vraiment le fait de voir la sortie arriver.
Donc, de gros doutes pendant une partie du livre, sur le mode « c’est sympa j’aime toujours autant, mais je me demande quand même combien de tomes encore, j’ai un Scalzi à lire ».
… mais d’une noirceur abyssale, et d’une intensité exemplaire
Mais, finalement… La deuxième partie est incroyable. Et tout ce tome est fait pour mettre en scène cette fin extraordinaire. Quelle noirceur par contre ! Quelle dépression absolue que ce tome ! Royaume de la mort était un titre bien trop gentil pour ce livre, on devrait plutôt parler de voyage en enfer ! Rien que pour l’intensité de la noirceur permanente, ce livre mériterait d’être lu. Je crois n’avoir jamais vu cela – mais je ne suis pas un spécialiste en noirceur -. C’est déprimant, c’est sans espoir, c’est intense, et l’auteur n’a peur de rien.
Bref. Faisons simple. Si vous n’avez pas encore commencé la saga, allez lire Apophis, et partez sur son enthousiasme en sachant que ça continue à se développer : c’est une très très très bonne saga de space opéra/aventures. Si vous avez déjà commencé, hé bien, indiquez moi le lien de votre critique car évidemment vous allez poursuivre, et vous le savez fort bien ! Pour une fois, je ne dirais pas que j’ai passé un bon moment avec cette lecture. Mais un sacré moment quand même !
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Second Oekumène – Tome 4 (Vatican)


Hé bien, long time no see comme on ne dit pas tant que ça ! Plus sérieusement, cela fait un bail que je ne me suis pas lancé dans quelques chroniques… La raison en est multiple mais assez simple : changement de boulot, manque de temps et puis, surtout peut être : je lis en marchant, et c’est beaucoup plus dur quand il fait froid et qu’il pleut ! (oui, j’habite Paris, il pleut souvent…)
Mais, avec les beaux jours pourraient revenir les belles lectures ! A l’occasion je vous raconterai ce que j’ai lu pendant mon hibernation (moins qu’en été, mais de la qualité !) mais en attendant, j’ai envie de revenir sur mon genre de prédilection : le space opéra ! Avec le tome 4 d’une série qui m’avait bien plue jusqu’à présent : Second Oekumène, tome 4 cette fois.
Qui dit tome 4 dit 3 chroniques précédentes : celle du 1, et son enthousiasme avec doutes ; celle du 2, avec nettement moins de doute, et celle du 3, tout à fait enthousiaste.
Un Space-Op TRES sympa
Comme c’est un tome 4, je vais essayer de vous donner une idée de ce dont il s’agit en spoilant le moins possible pour ceux qui hésiteraient à se lancer. Le second oekumène est un space opéra se passant dans un univers dans lequel l’humanité – seule, ne cherchez pas de petits hommes verts – a conquis les étoiles. Comme souvent, elle s’est réunie en empire, avec quelques contestations par ci par là. Le principe du cycle est de voir comment cet univers évolue face à deux stimulus convergents : (i) la mort de l’empereur qui régnait depuis des temps immémoriaux, cette mort étant à même de susciter de très larges évolutions ; (ii) l’affirmation progressive des « alters », ces humains « améliorés » capables de différentes prouesses fort utiles (télépathie, par exemple) mais jusqu’à présent rejeté comme des sous-hommes.
L’ensemble du cycle suit la destinée de plusieurs personnages, dont 5 principaux qui ont été découverts dans le premier tome.
A titre de comparaison, on est un peu dans ce que Pierre Bordage pourrait faire dans le style de lecture, avec une différence sur la façon dont le sujet est traité (plus de personnages principaux, moins de « quête personnelles » chez « John Crossford »).
Roman initiatique, space opéra, SF militaire : top, mais pas trop ?
Ce tome 4 s’inscrit dans la droite lignée des 3 précédents. Ce qui, si vous avez lu mes critiques, est un bon point ! Le livre reste très prenant, se lit tout seul, et on passe un excellent moment ! Rien à redire sur tout cela, c’est vraiment une source de bien être. Franchement, pour que je le lise aussi vite en ce moment, cela veut tout dire.
Après, j’ai deux observations quand même :
- tout d’abord, il s’agit réellement et définitivement d’un tome de transition, mais placé à un moment étonnant dans le cycle. On est sur l’avant dernier tome, et ce qui se passe ne semble pourtant pas vraiment faire avancer définitivement l’intrigue. On apprend pas mal de choses sur différents personnages. On s’attache, toujours, il se passe des choses, principalement en lien avec le titre du roman (Vatican). Mais, l’intrigue globale n’avance que doucement
- Ensuite, ce livre mélange plusieurs genres : du space opéra, bien sûr, mais aussi un côté SF militaire, un côté roman initiatique je trouve aussi (même si pas complètement assumé). Et il ne fait pas tant de pages que cela ! Et puis, surtout, cela fait beaucoup de portes ouvertes, et peu de temps pour les fermer…
Une conclusion qui va devoir envoyer du pâté !
Dans l’ensemble, j’aime toujours énormément me plonger dans ce monde de l’Oekumène ! J’y passe un super moment, avec des personnages attachants, une intrigue prenante, et surtout un effet immédiat sur mon nombre des pages lues : cela se lit tout seul ! Après, il faut aussi se dire les choses : j’ai un peu peur du tome 5 ! Peur car trop de portes ouvertes, trop d’ambition, et reste t’il assez de pages en « un seul » tome ? A dire vrai, j’ai hâte d’être en novembre pour le savoir, mais je guetterai quand même volontiers l’annonce d’un « prolongement » de la sage, on ne sait jamais…
Bref : lisez le Second Oekumène, ça fait du bien !
Sortie le 21 avril aux éditions Critic
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Second Oekumène, tome 3 : Providence


Et me voici de retour ! Avec une nouvelle lecture que je dois avouer avoir dévorée : le tome 3 du « Second Oekumène », intitulé « Providence ».
Second Oekumène est une série que j’ai découverte dès sa sortie complètement par hasard ou, plus exactement, poussé par un libraire de fort bon conseil sur le coup. Série qui, si elle m’a emballée dès le premier tome, m’avait aussi mis pas mal de doutes que j’avais eu l’occasion de partager (cf. ici). Doutes qui avaient été très largement levés dans le tome 2, qui avait été un vrai coup de coeur (cf. ici).
Bref, tout ça pour dire que j’avais des attentes en me lançant dans ce tome 3 !
Et alors, qu’est ce que ça a donné ?
Un space op’ à l’ancienne new gen
Second Oekumène est un peu ce que je qualifierais de « space op’ à l’ancienne new gen ». Parce qu’il ne faut pas avoir peur des contradictions dans la vie !
On se retrouve en effet plongés dans un univers somme toute assez classique. L’humanité a conquis un certain nombre de planètes, et un passé relativement peu clair mais qui a conduit à ce que la Terre ne semble pas exister en tant que telle. Elle est dominée par un empire galactique qui semble tomber relativement en décrépitude, ne serait-ce que parce que l’innovation technologique dans l’empire est au point mort. En l’état, on est très proche je trouve de l’état de l’empire dans « Fondation ».
L’histoire du cycle, ou du moins jusqu’à présent, est une histoire de succession. L’empereur est proche de la mort, et l’empire semble se trouver à la croisée des chemins. Elément supplémentaire : certains humains ont des « pouvoirs », et sont pour le moment exploités pour cela. Ce qui, si l’histoire de la littérature nous apprend quelque chose, nous place dans une situation peu stable.
Dans tout cet univers, on va suivre le destin de 4 personnages qui tentent de survivre et, surtout je pense, de se rendre maitres de leur destin.
Un feel-good book !
Vous l’aurez noté, l’histoire est assez classique. Alors, pourquoi avoir aimé ? Au point d’attendre le tome 3 et, qui plus est, de le dévorer dans un contexte personnel qui n’y est pas favorable ?
Hé bien, parce que ça fait du bien ! Je suis – le challenge SummerStarWars l’a prouvé – un grand amateur de space opéra. Et, à dire vrai, un grand amateur de hard science aussi, et de cycles ambitieux (Baxter est mon ami :)). Ici, point de tout cela pourtant !
Ici, les choses sont plus simples. Pas sans fond, non, et l’univers est bien fichu. Mais on sait à peu près où on va et le vrai plus n’est pas le background scientifique : c’est le talent de conteur de l’auteur, et sa capacité à animer des personnages auxquels on s’attache. Car on s’y attache à ces héros ! Et dans ce tome 3 plus encore que dans les autres, bien sûr. La phase de découverte est passée désormais, reste la phase de spectacle, et nos héros sont bien présents.
En synthèse ? Lisez le cycle !
Pour ces raisons ce livre est vraiment un livre qui me fait me sentir bien. Qui me rappelle un peu ma jeunesse, quand je découvrais la SF aux bras d’Isaac Asimov. C’est sans prétention, mais c’est vraiment sympathique. Pour autant, le terme étant très utilisé pour le moment, on ne parle pas ici d’un feel good à la Becky Chambers – extraordinaire autrice -. Pas de bons sentiments, pas de science fiction positive. Non, juste un bon livre, qui se lit tout seul, qui se dévore tout seul, et qui s’apprécie. Et du coup, je peux conclure en disant encore une fois : vivement la suite !
Et rien sur l’auteur ?
Un dernier mot peut-être sur la révélation du nom de l’auteur, puisque c’est « l’évènement » de ce tome 3. Lors de la sortie du tome 1, j’avais eu l’occasion ici d’expliquer que je n’étais pas grand fan du procédé consistant à cacher le nom de l’auteur. Je ne suis pas très joueur je crois. Par suite, je dois avouer ne pas savoir que faire de cette révélation. Sauf que j’ai voulu voir ce qu’il avait écrit d’autres, et que je n’ai pas trouvé en librairie (mais je n’ai pas vraiment eu le temps de chercher). Je me demande juste si l’éditeur cherche à conclure de cette expérience que les auteurs au nom anglais se vendent mieux – ce qui est un point souvent mentionné dans le milieu, même si ce dernier me rend triste et que je le conteste donc de principe.
Pas grand chose à dire donc si ce n’est que (i) je veux bien un exemplaire dédicacé, maintenant qu’il n’est plus anonyme ! 😉 ; (ii) bravo pour ce super cycle, j’y prends beaucoup de plaisir.
Chronique précédente : Les vacances, c’est bien aussi !
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Les vacances, c’est bien aussi, non ?


Bon, il semblerait que j’ai pris quelques vacances 🙂 A la foi tout à fait volontairement, et partiellement pas du tout. En toute franchise, j’ai commencé un nouveau boulot, et avec cela vient souvent un besoin d’investissement augmenté, surtout qu’il y a pas mal de choses à intégrer. Moins de temps pour lire, moins de temps pour écrire et puis, l’un dans l’autre, j’avais pas mal écrit avant tout cela aussi, donc cela ne fait pas forcément de mal !
Alors, ça nous laisse où tout cela. Hé bien, j’ai lu un peu entre temps quand même, et je vais essayer de chroniquer ces différentes lectures. Dans l’ordre, j’ai pu finir :
- Composite, d’Olivier Paquet
- Malice, de John Gwynne
- Le Voleur, de Claire North
- La Campagne Ecarlate, de Brian McClellan
- Chevauche Brumes, de Thibaud Latil-Nicolas
Sacrément plus Fantasy que ces derniers mois, non ? 😉 Il fallait changer un peu, même si maintenant il va falloir que je refasse machine arrière car ça manque un peu de space opéra tout cela.
Bref, un petit post de reprise de contact, potentiellement de retour de vacances, et pour donner des nouvelles 🙂
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Pyramides (Romain Benassaya)


Pyramides est un space opéra de Romain Benassaya, et aussi mon premier livre de l’auteur. Et franchement, c’est une sacrée réussite !
L’histoire d’un Mystère
Pyramides démarre en 2182. Un vaisseau de colons (pas si grand ceci dit, un peu moins de 2000) quitte la Terre pour s’installer sur une nouvelle planète. Pour cela, si la technologie permet de se déplacer vite, elle requiert malgré tout une mise en hibernation. Une sorte de « petite mort ». Seul petit hic : au réveil, les colons découvrent qu’ils ne sont pas arrivés. Du tout. Leur vaisseau semble posé, dans un endroit sombre. Et, pire, il semblerait que les 200 ans de biostase prévus aient en réalité duré bien plus longtemps…
Un page turner de qualité
Cette idée de biostase, de mystère, de futur, pourrait tout à fait ouvrir la porte à de la hard science. Quelque part, le pitch pourrait ouvrir à un potentiel de livre de type « La Millième Nuit » d’Alaistair Reynolds.
Ce n’est pas le cas ici. Mais franchement, pour moi qui aime ça, ce n’est pas un problème. Car ce livre a bien d’autres qualités, et notamment une : il fait passer un sacré bon moment !
Pour cela, trois ingrédients principaux à mon sens : une bonne histoire, un bon rythme, des personnages attachants.
Une bonne histoire…
L’histoire en elle même, sans s’aventurer côté hard SF, est une histoire qui se suit avec beaucoup d’intérêt, et d’envie d’en savoir plus. Là où l’auteur est fort, c’est qu’il ne se contente pas de traiter d’un mystère spatial, fut il intéressant. Le propos est plus large : que feraient 1500 humains livrés à eux mêmes dans un temps et un univers inconnu et hostile ? La création de la société, ses tensions, ses jeux politiques, animent véritablement le livres, et lui donnent une portée qui va au delà de celle attendue.
… des personnages attachants…
Côté personnages, on est sur quelque chose d’assez restreint On suit quelques personnages bien choisis. Mais c’est une bonne chose. ça contribue à rendre le livre assez simple à suivre, mais surtout ça contribue à l’attachement que l’on peut ressentir pour eux. Les personnages sont bien campés, bien décrits, agréables. Là aussi, une réussite.
… et un rythme enlevé
Enfin, il y a le rythme. 122 chapitres. 7 grandes parties au livre. Peu de personnages principaux, et une histoire qui sait où elle va. Tout cela contribue à rendre le livre vraiment très agréable, avec pour contrepartie claire et bien chère de rendre difficile l’arrêt.
Et au final…
Hé bien, au final, je dois dire que lire ce livre m’a replongé en enfance. Dans ma première lecture de Rama et ses suites pour être précis. C’est simple, c’est enlevé, c’est passionnant, c’est attachant. Certes, ça peut manquer un peu de profondeur scientifique mais, quand ça fait du bien, pourquoi se priver ? Sacrée découverte pour moi que ce livre et cet auteur finalement, qui va clairement appeler à de nouvelles rencontres. Un seul conseil à mon avis : pas sûr du titre (pyramides), même si j’en comprends la raison. Mais ça ne change rien : si vous tombez dessus, lisez-le 🙂
D’autres avis : Xapur, Les lectures du Maki (qui est sur la 4e de couverture, la classe !), le Chien Critique, Au Pays des Caves Trolls
Lecture précédente : Un Psaume pour les Recyclés Sauvages, de Becky Chambers
Lecture suivante : Composite, d’Olivier Paquet
Lu dans le cadre du challenge #SummerStarWars

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Un Psaume pour Les Recyclés Sauvages (Becky Chambers)


Un Psaume pour les Recyclés Sauvages est un livre formidable. Enfin, c’est un livre de Becky Chambers. Et pourtant, cela fait deux jours que je l’ai lu, et je manque d’inspiration pour vous en parler.
Un gros doudou
Je ne sais pas pour vous, mais je vois Becky Chambers comme une sorte de gros doudou. Elle écrit des livres de science fiction – plutôt space opéra jusqu’à présent, ici plutôt de l’anticipation à mon sens. Il s’y passe des choses, souvent tout à fait intéressantes, mais le sentiment qui prédomine en lisant son oeuvre c’est souvent, avant tout, une forme de bien être. Une sorte d’atmosphère un peu tranquille, et bienveillante. Un peu comme un gros doudou.
Une forme d’utopie
Donc, on se retrouve ici avec une nouvelle histoire du soir, qui commence par une disparition. Oh, pas une bien méchante : les robots, une fois la conscience acquise, quittent les usines, et laissent l’humanité livrée à elle même. Comme on est dans du Becky Chambers cependant, les choses se déroulent (ou du moins finissent par se dérouler) a priori plutôt bien. On retrouve donc, un certain temps plus tard, une société en apparence apaisée, dans laquelle l’homme vit en synergie avec sa nature. Et où on va suivre Dex, qui se pose des questions sur le sens de sa vie. Et entame ce qu’il convient bien d’appeler un voyage initiatique.
Ce qui compte, c’est le chemin
Comme toujours avec Becky Chambers, le style est fluide, mais onirique quelque part. Ici, Dex est un personnage attachant par son humanité. Tout comme Omphale, robot qu’il va rencontrer sur la route, et qui se trouve également être très attachant. Ce voyage qu’ils vont nous proposer, ce morceau de vie, est avant tout un moment de réflexion, presque de contemplation. Une recherche du sens de la vie, sans céder à la tentation de répondre 42.
En synthèse…
Au final, je vais surprendre. Un Psaume pour les Recyclés Sauvages est un livre de Becky Chambers. Donc, c’est beau comme du Becky Chambers. A titre personnel, cette fois, j’ai beaucoup aimé, mais j’avais été plus conquis par ses précédents romans, notamment de space opéra, sans doute parce que j’aime particulièrement l’espace. Le format est ici court (mais plutôt cher quand même, quand on compare à un UHL), ce qui n’est pas l’idéal je pense. Mais dans tous les cas, ça reste un gros doudou. Et qui est quand même dédié « à ceux qui ont besoin de souffler ». Ce qui dit tout 🙂
Autres avis sur le blog : Ombrebones, Le Nocher des Livres,
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