
Le Ministère du Futur n’est pas le livre que j’avais prévu de chroniquer 🙂 Mais il s’est passé quelques temps depuis ma dernière chronique, et c’est le dernier que j’ai lu, alors autant commencer par celui-là ! Surtout qu’il est sacrément intéressant, malgré quelques caractéristiques qui ne plairont pas à tout le monde je pense.
Réfléchir à l’avenir…
Kim Stanley Robinson est un spécialiste de la littérature “climatique”. Désireux, il semblerait, de sensibiliser aux déboires de notre planète bleue, il use de son talent, prose mais aussi – et peut être surtout ? – imagination et capacité d’anticipation à cet effet.
Nous voici donc face à un roman qui démarre aujourd’hui, ou même désormais hier, puisqu’en 2020. Sur une Terre très proche, mais avec quelques petites différentes (des accords climatiques validés un chouia plus ambitieux, puisqu’ayant notamment permis la création d’un “Ministère du Futur” représentant les futures générations). Le roman débute donc aujourd’hui, par une catastrophe climatique hors norme (une vague meurtrière de canicule en Inde) qui plante le décor : l’avenir sera écolo, ou ne sera pas.
L’objectif du roman va donc être simple. Répondre à la question qu’on se pose sans doute tous : quel avenir pour notre planète ? Pour notre société ? Quel chemin possible face à la catastrophe climatique qui nous guette ?
Un roman passionnant, mais au style étonnant
Et dans l’ensemble, si vous voulez connaitre un avenir possible, vous en aurez pour votre argent. KSR est un auteur remarquable d’imagination, et de crédibilité. J’ai passé beaucoup de temps déprimé à lire ce livre, dans un monde tellement réaliste, et où le sentiment de gâchis est si intense. Le livre est parsemé – avec une densité phénoménale ! – d’idées crédibles, d’initiatives – de grande comme de petite ampleur – qui offrent une réponse au problème. Dans un contexte géopolitique bien décrit, crédible même si à mon sens un peu trop optimiste, KSR trace un chemin, si documenté , si touffu qu’on aurait envie d’y croire.
Dit comme ça, l’impression est sans doute que ce roman est parfait : il ne l’est pourtant pas à mon sens. Tout simplement car la partie romanesque, justement, est un peu légère. Le roman contient, pour 500 pages, un peu plus de 100 chapitres. Le roman consiste en une succession de scènes, sur une période qui se chiffre en dizaines d’années. Deux personnages principaux existent (la Directrice du Ministère du Futur, et un être humain ayant été particulièrement marqué par les problèmes climatiques). Ils sont suivis, mais dans un fil rouge, entrecoupé de témoignages d’anonymes, de dialogues “hors propos”, d’extraits d’émissions.
L’ensemble fournit donc un livre d’une grande densité, d’une grande richesse intellectuelle, mais dont l’aridité du style peut peser à la fin.
Un livre à lire, parce qu’il le faut !
Dans l’ensemble, ce livre doit intégrer pour moi au plus vite le programme scolaire. Il n’est pas parfait. Ce style de roman choral, multi chapitres, conduit à un peu de distance avec les personnages principaux, même si ces derniers restent touchants et sympathiques. Mais, surtout, quel chemin tracé pour la survie de la planète ! Quel fourmillement d’idées ! De scénarios, de possibles… Au final, je ressors surtout de cette lecture avec l’impression d’une compréhension plus fine des enjeux climatiques. L’idée que le chemin est semé de sacrées embuches. Mais peut être, aussi, l’idée qu’un chemin est possible. C’est bien plus que je n’en demandais. Et ce livre devrait donc se trouver, à mon sens, dans les mains de tout le monde, malgré ses défauts.
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Autres avis : Apophis
Je le lirai un jour… et chaque billet que je lis me donne envie même si il y a souvent quelques réserves !