
For All Mankind est une série de science fiction assez ambitieuse, produite et diffusée sur AppleTV, et donc la saison 3 vient de se terminer. Histoire de ne pas spoiler cependant, je vais surtout me concentrer sur l’histoire globale de la série.
Une histoire alternative de la conquête spatiale
L’histoire de la série débute en 1969. Pour une raison que je ne détaillerai pas, la conquête lunaire se passe différemment de la réalité. Avec une conséquence forte : l’URSS ne commence pas à décliner. Au contraire, la compétition s’amplifie entre blocs américain et soviétique. Et la conquête spatiale, au lieu de progressivement ralentir, prend de l’ampleur au contraire. On veut plus d’astronautes, plus de monde sur la Lune, plus d’installations. Dans ce monde alternatif, la conquête spatiale devient un marqueur de domination du monde, avec des conséquences bien sûr importantes sur les programmes engagés.
Une uchronie bien menée
J’ai déjà eu l’occasion de le dire, je ne suis pas très uchronie. J’ai plutôt tendance à chercher le côté “anticipation” dans la science-fiction, ce qui est peu compatible avec ce type de récit.
Pourtant, ici, je dois avouer avoir véritablement bien accroché. L’uchronie est bien menée et, même pour moi qui ne suis pas spécialiste de la période, on retrouve suffisamment de repères habituels pour se sentir concerné.
Et puis, surtout, il est passionnant de voir comme la conquête spatiale aurait pu être différente si la compétition avait été plus acharnée post-1969. D’autant plus que, et c’est un bon moyen de favoriser le Sense of Wonder, la série n’hésite pas à faire de larges ellipses temporelles entre chaque saison. Au final, sans vouloir spoiler, ceci permet d’aller beaucoup (beaucoup) plus loin que la réalité. Je ne veux pas en dire plus, mais c’est vraiment un gros plus de la série.
Une vraie réflexion sur la société et ses personnages
Au delà du côté “conquête spatiale”, la série est également largement ancrée dans le réel. L’objectif étant de montrer comment les choses auraient pu se passer différemment, il était je pense important de garder un aspect “proche” des gens. On suit des projets scientifiques, mais en réalité, on suit surtout la destinée d’acteurs clés du programme. Et, compte tenu des ellipses temporelles (la saison 3 se passe au milieu des années 2000), on les suit sur longue période.
Ce parti pris humain, au delà de rendre les personnages attachants, sans éluder pourtant leurs défauts, – et de nous intéresser à leur destinée, a un avantage supplémentaire. Il permet de profiter de cette uchronie pour mettre en avant pas mal de questions de société, sur l’homosexualité, sur la place de la femme – plutôt bien représentée et traitée dans cette série -, sur l’immigration,… Pour son approche des questions sociétales également cette série est particulièrement intéressante.
Une saison 3 dans la lignée des deux précédentes
J’ai été très général jusqu’à présent sur cette série. Et sans spoiler, difficile d’être plus précis sur la saison 3 mais, pour moi, on est dans la lignée des deux précédentes (ce qui est un bon point !). A dire vrai, et c’est logique, le Sense of Wonder n’a jamais été aussi élevé. On est désormais au milieu des années 2000. Et la stimulation forte intervenue jusqu’à présent dans le domaine scientifique produit des écarts de plus en plus grand avec la réalité. Pour le dire autrement, les projets sont devenus sacrément ambitieux, ce qui fait plaisir à suivre ! Contrepartie : j’ai parfois trouvé que le traitement des humains devenait un chouïa exagéré, avec quelques fils qui m’ont semblé un peu tirés par les cheveux. Rien de bien grave cependant.
Un rythme particulier, mais le retour des cliffanghers
Dans l’ensemble, je trouve que cette série a beaucoup de poins positifs. Elle a cependant deux caractéristiques un peu opposées qu’il convient de noter. Et qui tiennent en un mot : le rythme.
Globalement, cette série aime prendre son temps. On n’est pas dans le contemplatif mais, l’idée est bien de suivre le quotidien des acteurs, ce qui implique sans doute un rythme un peu lent. Surtout pour des épisodes qui durent une heure chaque fois. Si vous êtes habitués des séries d’action, c’est en général notable.
Cependant, à l’inverse, c’est une série qui me plait beaucoup en remettant au goût du jour le principe de cliffangher. Finir un épisode en vous laissant choqués, impatient de découvrir le suivant ! Ce n’est pas systématique, et l’accélération de rythme peut venir y compris en court d’épisodes. Mais la série est faite pour être diffusée une fois par semaine, et il faut donc donner envie d’y revenir. A titre personnel, j’aime beaucoup cela, le fait de susciter des émotions fortes juste avant un écran noir. Et cet amour des Cliff compense le rythme parfois un peu lent.
En conclusion : regardez For All Mankind !
Au final, For All Mankind est pour moi une EXCELLENTE série de science fiction ! Le rythme de certains épisodes est parfois un peu lent, et cela peut être frustrant, mais cette histoire alternative d’une conquête spatiale sous stéroïde a vraiment tout pour plaire. Les auteurs n’ont pas peur de tuer des personnages, pas peur de faire des ellipses temporelles pour rester sur le principal et nous en mettre plein la vue. Pas peur non plus de discuter des questions sociétales, et d’offrir une grande place aux femmes. Et ils ont les moyens de rendre tout cela joli et réaliste ! Résultat : j’aime beaucoup cette ligne temporelle alternative, et en reviendrais presque à regretter qu’on n’ait pas pu investir autant dans la conquête spatiale. Et après avoir fini la saison 3, si vous n’avez pas pu commencer, je ne peux que vous dire : il est temps de vous y mettre, car la qualité ne baisse pas !
Commenté dans le cadre du challenge #SummerStarWars

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