
Bon, avec cette lecture de Tau Zéro, me voici un peu dans une situation du type “on ne devrait pas rencontrer ses idoles”. Et dans une position un peu particulière pour commenter cette lecture.
J’ai lu Tau Zéro pour la première fois au moment de sa republication par le Belial, il y a quasiment 10 ans jour pour jour donc. Comme je profite un peu du challenge #SummerStarWars pour intégrer quelques relectures d’oeuvres que j’ai beaucoup aimé dans ma PAL (où comment augmenter sa PAL sans acheter un seul livre… bref), je me suis relancé dans ce petit livre d’à peine 200 pages. Et là… Hé bien, j’ai dû changer je pense, surtout pour un livre que j’avais chaudement recommandé à l’époque. Encore que tout n’est pas à jeter, loin de là. Mais je peux détailler.
Une histoire séduisante basée sur une idée assez folle
Le pitch est assez simple. Nous sommes sur Terre, dans une époque vaguement “futuriste mais pas trop”. Un équipage de 50 passagers (25 hommes, 25 femmes) s’embarque sur un vaisseau spatial à destination d’une nouvelle planète, qu’ils pourront commencer à coloniser (et à repeupler). Problème : sur la route, un incident survient, et ils ne vont pas pouvoir atteindre la destination. S’en suite alors un voyage complètement fou sur une durée – et une distance parcourue – correspondant à une ambition que j’ai franchement très rarement vu, à part chez Stephen Baxter.
Du sense of wonder au max, mais un problème initial de personnages…
A posteriori, je me souviens bien que c’est cette partie qui m’avait séduit : le sense of wonder du livre. On est vraiment dans des échelles passionnantes, un côté scientifiquement passionnant, et un voyage qui fait vraiment rêver et réflechir. Cette partie, à la relecture, est toujours bien présente, et rien que pour ça le livre – et ses quelques 200 pages à peine – vaut vraiment le détour.
Par contre, ce qui m’a moins plu dans cette relecture, et qui ne m’avait pas marqué à l’époque (mais j’ai tellement lu depuis…), ce sont les personnages.
Le vaisseau comporte 50 passagers, ce qui limite forcément le nombre de personnages. Mais en réalité, on est beaucoup plus limités que cela, avec peut être une dizaine de personnages dans ce huis clos de l’espace. Mais dès le début – surtout au début en fait, sur la première moitié -, je trouve que cela cloche. Les personnages me semblent manquer de profondeur, et dans toute la première moitié, on sentait plus une volonté de créer des couples qu’autre chose. Avec des comportements masculins et féminins très marqué et, pour tout dire, une place des femmes que j’ai trouvé assez caricaturale dans l’ensemble.
… alors que l’intérêt caché du bouquin est pourtant là
Pourtant, si c’est le côté scientifique qui m’avait plu, le véritable intérêt du livre, ce qui occupe vraiment l’auteur, c’est la relation entre les personnages, et c’est intéressant. Les équilibres qui se créent dans ces situations de tension, la façon dont les personnages évoluent. C’est là qu’est l’intérêt du livre en réalité. Mais ça cloche désormais, et malgré de bonnes idées, ça sonnait un peu creux, et un peu caricatural.
En conclusion…
Dans l’ensemble, vous le devinez, je suis partagé en termes de recommandation, et embêté aussi car une partie de ces impressions vient de mes attentes liées à une première lecture. D’un côté, on a ici un bouquin avec un sense of wonder vraiment passionnant, et une idée très intéressante de creuser les relations entre les personnages dans un huis clos spatial, en situation de tension. Je n’ai pas vraiment d’exemple de livre de ce type, et l’idée est vraiment bonne. D’un autre côté cependant, les personnages me semblent vraiment manquer de profondeur et être souvent trop clichés pour que l’idée tienne la route. A vous de voir quel équilibre vous trouvez à tout cela donc, sachant que dans tous les cas l’investissement est faible, le livre étant très court !
D’autres avis : Navigatrice de l’Imaginaire, Les Chroniques du Chroniqueur, Les Blablas de Tachan (avec une très intéressant commentaire du traducteur !)
Chronique précédente : 10 autrices incontournables en SFFF
Lecture suivante : La Troisième Griffe de Dieu, d’Adam Troy Castro
Chronique réalisée dans le cadre des challenges #SummerStarWars et #S4F3

