Extrait de la couverture de "L' espace de la révélation ", d'Alaistair Reynolds

L’Espace de la Révélation est un livre qui m’est apparu à la fois décevant, et farouchement enthousiasmant. Ce qui est assez déconcertant.

L’histoire en elle-même est difficile à raconter, comme le démontre d’ailleurs la quatrième de couverture de l’édition dont je dispose qui me semble un peu ratée (trop de spoil a minima). Pour vous en dire quelques mots cependant, je dirais que :

  • L’histoire se passe autour des années 2500. L’humanité a essaimé, s’est transformée, mais est toujours seule dans son environnement galactique. Des traces d’anciennes civilisations ont cependant été retrouvées.
  • Parmi celles-ci, les Amarentins, une civilisation qui semble avoir été soudainement annihilée environ un million d’années plus tôt.
  • L’histoire suit la destinée de 3 personnages principalement :
    • Sylveste, un archéologue qui cherche justement à déchiffrer l’écriture de ces Amarentins
    • Khouri, une ancienne soldate qui a malencontreusement perdu son mari suite à la dernière guerre (elle a par erreur été transporté à des années lumières de lui, sachant que la vitesse de la lumière est toujours une limite absolue), et qui s’est donc reconvertie en tueuse à gage sur une planète obscure
    • Allia Voliyova, représentante des « autres » humains, ou transhumais comme vous voulez, sorte d’humains augmentés qui ont pris pas mal de liberté parfois avec leur anatomie originale. Embarquée dans un vaisseau haute technologie, elle est lancée dans une quête désespérée pour sauver son capitaine.

Ces trois personnages vont progressivement se rejoindre (c’est du spoil mais bon, c’est un peu inévitable, non?). Et tenter de résoudre une enquête à l’échelle cosmique.

Un univers ébouriffant

Bon, comme d’habitude, pas bien sûr que mon résumé corresponde à un optimum. Mais à dire vrai, ce n’est pas si facile à résumer. Car l’intérêt principal du livre, son vrai plus, c’est l’univers. Le contexte. On parle paradoxe de Fermi (pourquoi sommes nous si seuls dans l’univers?), trans humanisme. On envisage des échelles improbables, on se place dans une perspective passionnante. Bref, ce livre, c’est de la hard SF, mais avec les avantages de cette tendance : le Sense of Wonder, et l’ambition intellectuelle. Et de ce point de vue, c’est tout à fait réussi. Ce tome est le premier d’une trilogie il me semble, et il place clairement des bases très prometteuses pour la suite de l’univers.

Qui pêche un peu dans sa narration…

Ceci étant dit, et malheureusement, on retrouve également les inconvénients souvent associés à la Hard SF pour moi. J’en vois deux principalement.

Le premier, c’est le rythme, surtout dans la première moitié du livre. D’un paragraphe à l’autre, on change de personnage. Ce qui est assez habituel, mais pas à cette fréquence ! On change souvent de personnages à toutes les pages ce qui, dans une phase d’exposition du roman, quand on n’est pas encore attachés au personnage, et accroché à leur histoire, déstabilisant. De mon côté, cela m’a clairement gêné pour rentrer dedans. A mon sens, cela s’arrange avec le temps mais, factuellement, je ne suis pas sûr que le rythme ait changé. Je crois que j’ai juste mieux intégré les personnages. A voir selon votre style de lecture donc, mais le rythme de narration est clairement à part.

… et dans son côté humain

L’autre élément qui m’a gêné, mais moins, c’est peut être les personnages. Ce roman, d’une certaine façon, est un huis clos. Il y a assez peu de personnages, ils en rencontrent assez peu, et toute l’intrigue repose sur leur compréhension des évènements, et leur réaction. Autant dire que, même si l’important n’est pas là (c’est le contexte ;)), ils sont quand même essentiels dans l’histoire.

Et pour le coup… Ils sont intéressants. Ils ne sont pas mal posés. Mais… Je trouve qu’il manque un petit quelque chose malgré tout. Manque de profondeur dans les histoires, dans les sentiments, je ne sais pas. J’ai trouvé qu’il manquait un petit quelque chose pour vraiment s’accrocher à eux. Sans compter qu’ils ont quand même un côté sacrément naïf parfois, ce qui oblige à des Deus Ex Machina pas forcément bien adaptés. Un petit point faible donc.

En conclusion…

Au final, l’espace de la révélation est une promesse. Une promesse d’un univers à la complexité, et à l’ambition, débordante. Mais aussi, puisque c’est son premier roman, et le premier d’une trilogie, une promesse de, avec le temps, mieux développer les personnages, et rendre la narration plus agréable à mon goût. Promesse qui a d’ailleurs été plus que tenue dans House of Suns, roman que j’ai trouvé incroyable dans lequel l’ambition est encore plus grande, mais dans lequel les autres défauts m’ont semblé complètement gommés. A lire donc pour ceux qui aiment l’ambition en science-fiction – j’en fais partie !-, mais qui n’attendent pas forcément une forme de narration ou des personnages parfaits. Belle lecture quand même ! Juste dommage finalement qu’elle ne fasse pas quelques pages en moins (on n’est pas loin de 900)

D’autres avis : l’Epaule d’Orion,

Lecture précédente : Des Milliards de Tapis de Cheveux, Andreas Eschbach

Lecture suivante : Unity, d’elle Bangs

Du même auteur : La Millième Nuit,

Lu dans le cadre du challenge #SummerStarWars

Image du challenge SummerStarWars